Familles, amis et connaissances
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CARO, elme |
CARO, Elme (1826-1887), philosophe spiritualiste, d’inspiration chrétienne, et néanmoins fort mondain. Il a été professeur à l’École Normale Supérieure, puis à la Sorbonne, où ses cours étaient suivis par de nombreuses femmes du monde froufroutantes. Il a collaboré assidûment à la Revue des deux mondes et est l’auteur de L’Idée de Dieu et ses nouveaux critiques (1864), Le Matérialisme et la science (1868) et Le Pessimisme au XIXe siècle (1878), où il critique l’influence de Schopenhauer, qu’il juge nocive. Il a été élu à l’Académie Française en 1874. Comme Édouard Pailleron dans sa comédie Le Monde où l’on s’ennuie, Mirbeau a tourné Elme Caro en ridicule dans un de ses romans écrits comme nègre, L’Écuyère (1882), où il apparaît sous le nom de Sorlin. Huit ans plus tard, alors qu’il habitait aux Damps, Mirbeau a cru, sur la foi du maire du village, que Caro avait également habité aux Damps et qu’il y venait en fin de semaine se ressourcer en binant son jardin. Surpris de ce contre-emploi, il en fait aussitôt la matière d’un article qui contribue vaguement à réhabiliter le philosophe mondain (« La Maison du philosophe », L’Écho de Paris le 21 septembre 1889). S’appuyant sur ce témoignage, devenu une référence, Jules Simon, dans un discours académique, reprend à son tour cette image édifiante de Caro. Mais, entre-temps Mirbeau avait découvert, par une lettre du doyen de la Sorbonne, que le maire des Damps avait confondu Elme Caro avec le presque homonyme Ludovic Carrau (1842-1889), également professeur de philosophie à la Sorbonne. Il rapporte sa mésaventure dans un article intitulé « Une page d’histoire » (Le Figaro, 14 décembre 1890) et en tire une leçon désabusée sur la façon dont est fabriquée l’histoire : « Et vous savez, toute l’histoire est comme ça. » P. M.
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