Familles, amis et connaissances
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RODENBACH, georges |
RODENBACH, Georges (1855-1898), poète flamand d’inspiration symboliste et d’expression française, décédé prématurément en décembre 1898. Auteur de recueils de vers – notamment L’Hiver mondain (1884), Du silence (1888), Le Règne du silence (1891), Le Voyage dans les yeux (1893), Les Vies encloses (1896), Le Miroir du ciel natal (1898) –, il a également écrit une pièce en vers, Le Voile, créée en mai 1894 à la Comédie-Française, et deux romans où il évoque l’atmosphère envoûtante de Bruges et qui sont les chefs-d’œuvre du roman symboliste : Bruges-la-morte (1892), où se décèle l’influence d’Edgar Poe, et Le Carillonneur (1897). Il a su évoquer admirablement sa province natale, et notamment Bruges, et développer une poétique des correspondances, où le monde intérieur du poète et le monde extérieur vont se fondre indissociablement. D’où l’admiration de Mirbeau pour son sens du mystère des êtres et des choses et son art de la suggestion. Rodenbach a su, de son côté, comprendre parfaitement le monde de Mirbeau, et particulièrement L’Abbé Jules, dans un chapitre de L’Élite (posthume, 1899) consacré à celui qu’il appelle admirablement « le don Juan de tout l’idéal ». Les deux amis se sont retrouvés en Belgique, à Bruges, Gand, Ostende et Bruxelles, en août 1896. Bouleversé par la mort de son ami, Mirbeau lui a consacré un article nécrologique ému. Comme Mirbeau, le jeune Rodenbach a connu l’éducation religieuse sous la férule des jésuites, à Gand. En mars 1896, à l’occasion de la sortie des Vies encloses, Mirbeau consacre au poète belge un long article du Journal, où il met en avant l’impact funèbre de la proximité des cimetières et de la mort sur la sensibilité du jeune enfant, tout en soulignant le rôle de transmutation de l’épreuve par le travail de la création poétique. La lecture de l’œuvre de Rodenbach s’apparente assez à celle que Mirbeau propose du peintre Carrière : une poésie faite de silence et d’intériorité, douant de vie les objets inanimés, permet à son lecteur d’accéder à un symbolisme harmonieux et pacifié, source d’un lyrisme discret, celui de l’intimité des confidences. Les toiles de Carrière, les vers de Mallarmé, la prose de Rodenbach, sa poésie, voilà les bornes artistiques qui dessinent les contours d’un art symboliste selon les vœux de Mirbeau, celui qui ouvre, dans le monde des phénomènes de nature, les portes de l’intériorité et de la profondeur de l’être. En outre, célébrer l’hymne à la gloire de l’œuvre de Rodenbach offre à Mirbeau l’opportunité de réaffirmer son goût de la poésie belge contemporaine, celle de Verhaeren et de Maeterlinck. S. L.
Bibliographie : Octave Mirbeau, « Georges Rodenbach », Le Journal, 15 mars 1896 ; Octave Mirbeau, « Notes sur Georges Rodenbach », Le Journal, 1er janvier 1899 ; Georges Rodenbach, L’Élite, Fasquelle, 1899, pp. 143-155.
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