Familles, amis et connaissances

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Terme
REVEL, jean

REVEL, Jean, pseudonyme de Pierre-Paul Toutain (1848-1925), notaire et écrivain normand. Il a voyagé sur les quatre continents, avant de s’établir notaire à Rouen en 1875 ; il y a fondé l’école de notariat en 1893 et été président de la chambre des notaires de 1902 à 1904. Il a aussi présidé la société normande de géographie. Il est l’auteur de : Un Français en Amérique (1876), Dans les Highlands (1879), La Fin d’une âme (1879), Chez nos ancêtres (1889), récit de voyage à travers l’Inde, l’Égypte et la Palestine, où les faits rapportés importent moins que les réflexions philosophiques auxquelles ils donnent lieu, Le Testament d’un Moderne (1889), recueil de pensées sur toutes sortes de questions sociales, religieuses et philosophiques, admiré par Mirbeau,  Dialogue des vivants (1892), Six semaines en Russie (1893), Ascension (1893), Multiple vie (1894), Contes normands (1901), etc.

Mirbeau a fait sa connaissance à Rouen lors de l’inauguration du monument à Flaubert, le 23 novembre 1890 et aussitôt il s’est enflammé, d’autant qu’il lui paraît « inconcevable » qu’un notaire (voir ce mot) puisse avoir du « génie », comme il le confie à Mallarmé : « Ce notaire est tout simplement un homme de génie, et un des plus profonds et hardis penseurs de ce temps. Il s’appelle Toutain, et occupe la plus grosse étude à Rouen. Il a, sous le nom de Jean Revel, écrit deux admirables livres, décousus de forme, mais bouillonnants d’idées grandioses, de vues lointaines : une intelligence lumineuse et qui comprend tout. Ces livres s’appellent : Chez nos ancêtres, et Le Testament d’un Moderne. Lisez-les. Et, en les lisant, de savoir que l’auteur de toutes ces nobles choses est un notaire, cela vous jette en une sorte [de]  fantasmagorie. Mais à Rouen, on ne connaît pas Jean Revel, on ne connaît que Toutain. Il me disait : “Si l’on savait que j’ai écrit ces livres, je serais perdu ; je serais obligé de vendre mon étude.” Il n’y a que quelques mois que sa femme sait la vérité ! Et ç’a été une rupture soudaine dans le ménage ! » Mirbeau aura de nouveau l’occasion de rencontrer « le notaire de génie », comme il l’appelle désormais, lors d’un dîner à Rouen, avec Claude Monet, le 12 février 1892, puis fin décembre de la même année. Dans sa chronique « Philosophe sans le savoir » (Le Journal, 10 juin 1894), il citera une douzaine de lignes de Multiple vie, qualifié de « très beau livre » : il s’agit d’une anecdote tragique de la Semaine Sanglante, illustrant des thèmes que Mirbeau a développés de son côté, ce qui confirme la fraternité de leurs esprits.

P. M.


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