Familles, amis et connaissances
Il y a 286 entrées dans ce glossaire.Terme | |
---|---|
ANQUETIN, louis |
ANQUETIN, Louis (1861-1932), peintre et dessinateur français. Impressionniste indépendant, ami de Toulouse-Lautrec et de Van Gogh, il a exposé avec eux, au Salon des Indépendants, en 1888 et 1891, et au Café Volponi, pendant l’Exposition Universelle de 1889. Il était allergique aux théories et aux écoles (« des blagues », disait-il) et affirmait la primauté du tempérament, ce qui contribuait à le rapprocher de Mirbeau. Après avoir découvert les estampes japonaises et les jeux de lumière à travers les vitraux colorés des fenêtres Avec le tout jeune Émile Bernard, il a néanmoins fondé le « cloisonnisme », ainsi baptisé par Édouard Dujardin, et caractérisé par de gros contours noirs (Le Faucheur et L’Avenue de Clichy le soir, 1887). Par la suite, il évoluera vers le classicisme et s’inspirera particulièrement de Rubens, auquel il consacrera une étude en 1924 (Combat, 1896, Renaud et Armide, 1904). Mirbeau ne semble pas avoir beaucoup apprécié les recherches picturales d’Anquetin. Dans son article du 31 mars 1891 sur « Van Gogh », il lui reconnaît, dans deux des toiles exposées, « une jolie échappée de lumière » et « de savantes harmonies de gris », mais il regrette les « réminiscences flagrantes », les « conventions d’école », les « bizarreries ratées » et les « caricaturales laideurs ». Il faut croire que le peintre ne lui en garde pas rancune, car, trois semaines plus tard, il le sollicite pour soutenir sa protestation contre le refus de ses toiles, et de beaucoup d’autres, par le jury du Salon du Champ-de-Mars. Ensemble ils écrivent un texte, qui se présente sous la forme d’une lettre adressée à Mirbeau lui-même, qui la publie, le 22 avril, dans « Les Jurys au Salon », et qui dénonce ce nouveau Salon, devenu, en quelques années, « une coterie plus étroite, plus fermée, plus anti-artistique, plus essentiellement commerciale encore, que le Salon ancien ». Il présente l’initiateur de la protestation en ces termes : « M. Anquetin est un peintre de beaucoup de talent, dont on peut discuter, parfois, les tendances, mais dont un artiste probe et loyal ne peut méconnaître les réelles et très grandes qualités d’art. » Le lendemain, 200 artistes protestataires décident d’organiser une exposition sans jury (qui se tiendra au Palais des Arts Libéraux, du 29 mai au 30 juin) et votent « par acclamation des remerciements à la presse, et particulièrement à M. Mirbeau », qui est nommé, « avec un grand enthousiasme », membre du comité d’organisation. En post-scriptum de son article du 28 avril 1891, Mirbeau refuse cet « honneur », parce qu’il est hostile aux comités en général et parce qu’il n’est pas « pour l’organisation de l’art », mais bien « pour sa désorganisation ». Cependant, ajoute-t-il, « cela ne m’empêche pas de suivre, avec un amical intérêt, la campagne si énergiquement menée par M. Anquetin ». P. M.
Bibliographie : Pierre Michel, « La Question du jury au Salon - Anquetin et Mirbeau », Cahiers Octave Mirbeau, n˚ 9, 2002, pp. 215-222.
|