Familles, amis et connaissances
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BERNSTEIN, henry |
BERNSTEIN, Henry (1876-1953), dramaturge français, qui a remporté de grands succès sur les théâtres de boulevard et a été productif pendant un demi-siècle. Il a voulu porter à la scène des conflits intérieurs et des problèmes sociaux, mais en ne situant ses pièces que dans la grande bourgeoisie et en abusant des situations fortes et des coups de théâtre. Sa réputation de brutalité était bien établie et sa richesse ostentatoire faisait jaser. Parmi ses pièces de la Belle Époque, citons : Le Détour (1902), Le Bercail (1904), La Rafale (1905), Le Voleur (1906), Samson (1907), Israël (1908), Après moi (1911), qui donna lieu à des manifestations antisémites, etc. Mirbeau a été deux fois aux prises avec Bernstein, en qui il voyait un requin de la scène. D’abord, à l’automne 1906, quand, après le refus du Foyer par Claretie, il a accepté de donner sa comédie à Lucien Guitry, qui lui proposait de la monter au Théâtre de la Renaissance. Malheureusement, il fallait attendre la saison suivante, le temps que fût créé Le Voleur de Bernstein, qui exigeait la priorité pour sa pièce, apportée du Gymnase, et pour son interprète féminine, Mme Le Bargy, future Madame Simone, ce qui risquait de renvoyer la première du Foyer aux calendes grecques. Dès le 20 octobre, Mirbeau s’est donc résigné à reprendre son manuscrit, sans pour autant exiger de Guitry les indemnités auxquelles il avait droit et que ce dernier voulait lui verser. Ce mauvais coup de Bernstein trouva sa conclusion un an plus tard, en décembre 1907, dans l’hôtel de la Société des auteurs : Thadée Natanson, co-signataire du Foyer, refusa de rendre son salut à Bernstein qui s’en offusqua, d’où une vive altercation et un duel, dans lequel le dramaturge fut légèrement blessé. Mirbeau, lui, refusa de se battre avec l’auteur du Voleur, qui l’avait pourtant insulté bassement en le comparant à Monsieur Alphonse, personnage de la pièce homonyme de Dumas fils (créée au Gymnase en 1873), et qui exigeait une réparation par les armes pour un article paru le 25 octobre 1907 dans Comoedia, « Le commissaire est sans pitié », où il était critiqué en tant que commissaire de la Société des Auteurs dramatiques, à la fois juge et partie. Aux injures du jeune blanc-bec, Mirbeau répondit par une très sèche lettre publique admirée de Léautaud, « À Henry Bernstein » (Comoedia, 26 octobre 1907) : « Monsieur, / Si ordurier que soit le ton de votre provocation, il ne pouvait ajouter au mépris que j'ai pour vous. Vos menaces me laissent aussi indifférent que votre talent. Je suis résolu à ne pas vous fournir l'occasion d'une réclame de plus. Je me suis battu assez souvent pour que personne ne se méprenne au sens de mon refus. / Octave Mirbeau ». P. M.
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