Familles, amis et connaissances
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BOULANGER, gustave |
BOULANGER, Gustave (1824-1891), peintre académique français. Prix de Rome en 1849 avec Ulysse reconnu par sa nourrice, professeur à l’École des Beaux-Arts, il a été élu à l’Institut en 1882. Il est l’auteur de toiles à sujets antiques (Phryné, César arrive au Rubicon, Le Marché aux esclaves, Lesbia) et orientalistes (Le Harem du palais, Les Cavaliers sahariens). Il s’est distingué par sa virulente hostilité à l’égard des peintres impressionnistes. Dès son premier « Salon », en 1874, Mirbeau s’est moqué des « personnages » que Boulanger « fait soit en cire, soit en chocolat » et, à propos de sa Via Appia au temps d’Auguste, assène que « cela ne vit pas, n’a jamais vécu et ne peut pas vivre » (L’Ordre de Paris, 23 mai 1874). L’année suivante, ce sont les femmes de son Gynécée, « léché très surabondamment » et « poli comme un couvert en ruolz », qui sont les unes « en sucre », les autres « en chocolat » (L’Ordre de Paris, 5 mai 1875). En 1885, dans un article ironiquement intitulé « La Tristesse de M. Boulanger » (La France, 13 avril 1885), Mirbeau se gausse du manifeste ou « profession de foi », digne d’un « discours de distribution des prix », que Boulanger a adressé à ses « élèves », où il « expose les doctrines de l’art infécond et servile » et qui révèle crûment « l’adoration de toute une coterie pour sainte Routine, la sainte la plus fêtée de tout le calendrier académique » : « M. Boulanger n’a jamais rencontré dans la nature que des Romaines et des Grecques en carton et en péplum, debout sur des péristyles de temples ou bien assises sur des colonnes de marbre tronquées, un luth à la main. [...] Et M. Boulanger adjure les jeunes élèves de rentrer dans le droit chemin, de revenir aux saines traditions de “fil à la patte”, de ne se laisser jamais envahir par l’imagination, par l’émotion, et de regarder les choses, non plus avec leurs yeux propres, ce qui est condamnable, mais à travers les lunettes des vieux professeurs de l’Institut »... Heureusement, ajoute le critique, « les doctrines de M. Boulanger n’ont aucune action, aucune influence, bonne ou mauvaise, sur les hommes », ni pour « donner du talent à ceux qui en manquent », ni pour enlever « le génie à ceux qui en ont ». En conclusion de cette chronique où apparaît en creux la doctrine d’art de Mirbeau, il ne s’émeut pas outre mesure du manifeste de Boulanger, qui est « de plus en plus embourbé dans l’ornière de la peinture académique » et qui « n’ouvrira jamais les yeux aux seules leçons fécondes que donne la nature ». P. M.
Bibliographie : Octave Mirbeau, « La Tristesse de M. Boulanger », La France, 13 avril 1885 (Combats esthétiques, t. I, pp. 150-153).
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