Familles, amis et connaissances
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GYP |
GYP (1850-1932), pseudonyme de la comtesse de Martel, Sibylle Gabrielle de Riquetti-Mirabeau. Romancière prolifique, elle était d’obédience bonapartiste et, de son propre aveu, une antisémite professionnelle. Elle a été boulangiste, nationaliste et tout naturellement anti-dreyfusarde. Elle a produit quantité de volumes, dialogues et romans, consacrés à la peinture des gens de sa classe et où s’affiche son esprit ultra-réactionnaire. Les plus célèbres sont Le Petit Bob (1882), Bob à l’exposition (1889) et Le Mariage de Chiffon (1894). Elle a aussi fait représenter une pièce, Tout à l’égout ! (1889). En 1884, alors qu’elle était en rivalité avec Alice Regnault, alors maîtresse attitrée de Mirbeau, elle l’a accusée d’avoir tenté de la vitrioler, ce qui, à en juger par les rapports de police, n’est pas impossible, mais l’affaire s’est terminée par un non-lieu. Pour se venger, Gyp a publié, en juin 1885, un roman à clefs et à scandale, Le Druide, où elle traçait de l’ancienne théâtreuse, baptisée Mme Blaireau, un portrait fort diffamatoire, et, au passage, attaquait méchamment Mirbeau, alias le polémiste Daton, surnommé Rochefaible par dérision, qui l’avait tout aussi méchamment vilipendée dans un article odieux par ailleurs, « Littérature en justice » (La France, 24 décembre 1884). Mirbeau ayant exigé de l’éditeur Havard, sinon le retrait du volume, du moins le silence autour du livre, elle l’a alors accusé d’avoir tenté de la révolvériser, en tirant de la rue sur la fenêtre de son bureau, ce qui est hautement improbable. Puis, en octobre 1887, troisième étape de l’affaire Gyp, par des lettres anonymes, elle le fait soupçonner d’avoir été complice d’Alice dans un prétendu trafic de décorations au cours de l’été 1885… L’affaire Gyp, qui s’est terminée par un non-lieu à l’automne 1888, a empoisonné la vie de Mirbeau pendant quatre ans, comme en témoignent ses lettres à Paul Hervieu des années 1885-1888 (recueillies dans le tome I de sa Correspondance générale). P. M.
Bibliographie : Pierre Michel, « L’Affaire Gyp », Littératures, Toulouse, n° 26, pp. 201-219 ; Pierre Michel, « Introduction biographique » et notes du tome I de la Correspondance générale, L’Âge d’Homme, 2003, pp. 384 sq., 487-495 et 791 sq.
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