Familles, amis et connaissances
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HERVE, gustave |
HERVÉ, Gustave (1871-1944), est un politicien français, passé de l’extrême gauche à l’extrême droite. Agrégé d’histoire, ancien leader de l’aile gauche du Parti Socialiste S.F.I.O., il a été directeur politique de La Guerre sociale, quotidien révolutionnaire fondé en 1907, et a payé de la perte de son poste de professeur, ainsi que de plusieurs condamnations à la prison, sa virulente propagande antimilitariste, entamée à ses débuts dans Le Piou-Piou de l'Yonne. Après la déclaration de guerre, Hervé a aussitôt viré de bord et est devenu nationaliste à tous crins, débaptisant symptomatiquement La Guerre sociale en La Victoire. Il a fini dans la peau d’un pro-nazi, fondateur d’un parti fasciste, le Parti Socialiste National, auquel a succédé le Parti de la République autoritaire. Lorsque Gustave Hervé a développé ses thèses violemment antimilitaristes et a été inculpé, Mirbeau ne pouvait qu’être d’accord et il lui a alors apporté son soutien public, tout en avouant à son ami Francis Jourdain qu’il le trouvait quelque part « antipathique ». Il avait bien raison de se méfier de l’homme, car c’est précisément Gustave Hervé qui, au lendemain de la mort de l’écrivain, a concocté, à la demande d’Alice Mirbeau, le faux « Testament politique d’Octave Mirbeau », publié par la veuve abusive dans Le Petit Parisien du 19 février 1917. Ce texte, aussitôt dénoncé par Léon Werth, Francis Jourdain, Séverine, George Besson et Georges Pioch, a beaucoup fait pour brouiller durablement l’image de l’écrivain, qui semble y renier son combat de longue haleine contre l’idée même de patrie et contre la boucherie de la guerre. Gustave Hervé lui prête sans scrupules des idées nationalistes et des tournures grotesques totalement étrangères à l’écrivain pacifiste : « Pour nous tous, assoiffés d’humanité, les patries enfin sont devenues des réalités tangibles, car elles nous ont découvert leurs bases morales » ; « Il n’y a qu’un moyen d’être vraiment généreux, c’est de tout sacrifier à la France » ; « L’humanité sera régénérée par la France »... Pour comble de malheur, c’est Gustave Hervé qui a été chargé par Alice Mirbeau de prononcer, sur la tombe de Mirbeau, au cimetière de Passy , le discours d’usage, qualifié d’ « excrémentiel » par Georges Pioch. Les amis de Mirbeau sont outrés par cette ignominieuse trahison posthume, à un moment où ils n’ont aucun moyen de faire paraître leurs protestations dans la presse, et nombreux sont ceux qui font entendre des murmures de vive désapprobation et qui refusent de serrer la main d’Alice. P. M.
Bibliographie : Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l‘imprécateur au cœur fidèle, Séguier, 1990, pp. 920-924 ; Léon Werth, « Le “Testament politique d’Octave Mirbeau” est un faux », in Combats politiques de Mirbeau, Séguier, 1990, pp. .
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