Familles, amis et connaissances
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LOTI, pierre |
LOTI, Pierre (1850-1923), pseudonyme de Julien Viaud, a mené une double carrière d'officier de marine et de romancier. Lieutenant de vaisseau depuis 1881, il a publié des récits marqués au coin de l’exotisme et où il met à profit son expérience de marin et de voyageur : Aziyadé (1879), Le Roman d'un spahi (1881), Le Mariage de Loti (1882), Mon frère Yves (1883), Pêcheur d'Islande (1886), Ramuntcho (1897), Judith Renaudin (1898), Les Derniers Jours de Pékin (1902) et L’Inde sans les Anglais (1903). Son fils a publié son Journal intime (1878-1881). En 1891, il a été élu, contre Zola, à l'Académie Française et y a prononcé l'année suivante un discours de réception très hostile au naturalisme. Dans un premier temps, Mirbeau a manifesté son admiration pour ses romans, notamment pour Pêcheur d'Islande. Dans l’article qu’il lui consacre en 1886, et où il en profite pour ironiser sur le compte de Maupassant critique littéraire (« Pierre Loti » (Gil Blas, 12 juillet 1886), il voit en Loti « un des écrivains français de ce temps, qui [l]’ émeuvent et [l]’empoignent le plus » : « Il a des yeux de voyant et une âme de poète. Son style est clair, sobre et en même temps raffiné et tout plein de suggestions. En deux lignes, il fait surgir devant vous tout un paysage ; en deux mots, il donne la vie à un être humain. Il ne se borne pas à enregistrer sèchement des faits ; il les explique par la sensation, et ses sensations sont toujours justes, quelquefois nouvelles. Il a beaucoup vu, beaucoup réfléchi, beaucoup noté les changeants spectacles des pays où il a passé, les aspects moraux des humanités parmi lesquelles il s’est attardé. Et puis il est bon, car il a vécu près de l’homme, d’une vie de lutte et de souffrance, et il a eu pitié de lui. [...] Un grand souffle de poésie agreste et maritime passe sur ces récits et les anime, comme le vent du large anime les ajoncs des landes.» Une seule réserve vient tempérer ses éloges : « Le seul reproche qu’on pourrait lui adresser, c’est précisément de voir trop souvent l’homme par son côté noble, de s’efforcer de le grandir ; c’est de ne point aller toujours jusqu’au fond de la vérité psychologique, de s’arrêter parfois devant les brutalités nécessaires, d’hésiter devant le mot qu’il faut dire. Mais c’est la pitié qui en est cause, cette pitié tendre que reflètent si bien les nostalgies de ses livres. » Par la suite, Mirbeau est devenu beaucoup moins amène à son endroit et cette réserve initiale s’est muée en une critique rédhibitoire, quand il a découvert Knut Hamsun dans La Revue blanche, en 1893. De fait, la comparaison ne plaide pas du tout en faveur du Français, qui se révèle décidément trop superficiel à ses yeux : à côté du texte d’Hamsun, écrit-il à un ami, « les pauvres petites pages frileuses de Loti dans Pêcheur d'Islande ne sont que de la gnognotte » (Correspondance générale, tome II, p. 763). Il n’est qu’un peu moins brutal dans l’article qu’il consacre au Norvégien deux ans plus tard : « Il faudrait lire en entier ces courtes et impressionnantes pages, qui ont un autre accent d'humanité frénétique et bestiale que celui de Pêcheur d'Islande. L'apparition soudaine des grands steamers dans la brume, les hallucinations qu'elle provoque dans la nuit, sont rendues par Knut Hamsun avec une force, une terreur, une grandeur d'expression inconnues à M. Pierre Loti » (« Knut Hamsun », Le Journal, 19 mars 1895). P. M.
Bibliographie : Jean-François Nivet, « Octave Mirbeau admirateur, contempteur et zélateur de Loti », Revue Pierre Loti, 1986, pp. 19-25
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