Familles, amis et connaissances

Il y a 286 entrées dans ce glossaire.
Tout A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Z
Terme
LUGNE-POE, aurélien

LUGNÉ-POË, Aurélien (1869-1940), acteur, metteur en scène et directeur de théâtre, est le fondateur, en octobre 1893, du théâtre de l’Œuvre, dont le premier spectacle, Rosmersholm, d’Ibsen, a été donné aux Bouffes du Nord. Peu après, en décembre, il crée Pelléas et Mélisande, de Maurice Maeterlinck, et, trois ans plus tard, Ubu roi, d’Alfred Jarry, qui fait scandale et lui vaut des cris de « Lugné-Pot-de-Chambre ». Il monte aussi des pièces d’August Strindberg et de Gerhardt Hauptmann, et met en scène la Salomé d’Oscar Wilde. Ce faisant, il a participé, avec André Antoine, au renouvellement du théâtre français. Mais alors qu’Antoine incarne le naturalisme théâtral, Lugné représente la tendance symboliste au théâtre, ce qui ne les empêche pas, paradoxalement, de monter tous les deux des pièces d’Ibsen, prouvant du même coup la vanité de certaines oppositions convenues et le caractère souvent factice des -ismes. Lugné a dirigé l’Œuvre jusqu’en 1899, puis de nouveau après la guerre. Il a laissé trois volumes de souvenirs (1931-1933).

Malgré ses réticences à l’égard des jeunes poètes symbolistes et de ce qu’il considérait comme des « gamineries », Mirbeau s’est intéressé aux tentatives de Lugné-Poë et les a soutenues à sa manière. C’est ainsi qu’il accepte de signer, sur Pelléas et Mélisande, un article quasiment promotionnel, rédigé par Camille Mauclair, co-fondateur de l’Œuvre (L’Écho de Paris, 9 mai 1893). Lorsque Lugné envisage de monter Peer Gynt, d’Ibsen, il sollicite les conseils de Mirbeau, qui juge prudemment le drame injouable, n’étant pas « fait pour la scène », et craint pour son ami « beaucoup d’ennui et beaucoup d’insuccès » ; mais, après la représentation, dont Lugné a tout de même pris le risque,  malgré certains passages qui lui ont paru un peu hermétiques, Mirbeau ne lésine pas sur les éloges et rend hommage à l’énergie du metteur en scène, à sa ténacité, à son enthousiasme et à son désintéressement, dans un article ironiquement intitulé « Les Pintades » (Le Journal, 15 novembre 1896). Nouvel hommage au théâtre de l’Œuvre le 15 février 1897, dans la Revue blanche. Enfin, en 1900, Mirbeau fait appel à Lugné-Poë pour lui proposer de monter Les Mauvais bergers comme il a rêvé de voir sa pièce mise en scène et interprétée, au cours d’une  tournée à travers la France, avec Suzanne Desprès, la compagne de Lugné, dans le rôle de Madeleine ; mais le projet  semble bien avoir avorté, à cause de la défaillance de l’impresario.

P. M.

 


Glossary 3.0 uses technologies including PHP and SQL