Familles, amis et connaissances

Il y a 286 entrées dans ce glossaire.
Tout A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Z
Terme
PICQUART, georges

 

PICQUART, Georges (1854-1914), est un des protagonistes majeurs de l’affaire Dreyfus (voir la notice) et a été souvent, à ce titre considéré comme un héros. Entré à Saint-Cyr en 1872, il a été nommé en 1890 à l’École supérieure de la guerre comme professeur de topographie, après avoir fait la campagne du Tonkin. Polyglotte et cultivé, il apparaissait comme un officier plein d’avenir quand il a succédé au colonel Sandherr, en juillet 1895, à la tête du service de statistiques (c’est-à-dire du contre-espionnage français). Lieutenant-colonel en 1896, il découvre à l’automne de cette année la culpabilité d’Esterhazy dans la trahison imputée à Alfred Dreyfus (voir la notice), mais reçoit l’ordre de se taire et, pour l’écarter, on l’envoie en mission en Tunisie. Quand l’affaire Dreyfus commence, en novembre 1897, il est victime de persécutions continues pour son engagement dans la lutte pour la vérité : il est arrêté une première fois le 13 janvier 1898, mis en réforme trois jours après le jugement de Zola, le 26 février 1898, « pour fautes graves dans le service »., c’est-à-dire pour avoir témoigné au procès de Zola, puis emprisonné une seconde fois, pour onze longs mois, le 13 juillet suivant, sur plainte du nouveau ministre de la guerre, Godefroy Cavaignac, dont il a démonté point par point, le 9 juillet, les prétendues preuves de la culpabilité de Dreyfus avancées le 7 juillet par Cavaignac. Il sera réintégré dans l’armée, avec le grade de général de brigade, le 13 juillet 1906, et deviendra ministre de la Guerre du gouvernement Clemenceau en octobre 1906. Il mourra des suites d’une chute de cheval à Amiens.

Mirbeau a manifesté une vive admiration pour cet officier pas du tout comme les autres, puisque honnête et cultivé et de surcroît prêt à engager sa liberté pour défendre des valeurs humanistes. En février 1899, dans sa préface à l’Hommage des artistes à Picquart, volume abondamment illustré dont il a pris l’initiative, Mirbeau écrit : « Voilà plus de six mois que le colonel Picquart est en prison. Il est en prison pour avoir refusé de s’associer à un crime, il est en prison pour avoir crié l’innocence d’un homme, condamné au pire des supplices ; il est en prison pour avoir voulu cette chose aujourd’hui proscrite de toute la vie : la justice. [...] Le colonel Picquart avait le choix, entre la plus belle carrière militaire qui se fût jamais ouverte devant un officier, et le cachot. On ne lui demandait que de se taire. Il a préféré parler et, de ce fait, il a choisi le cachot. [...] Comme on avait condamné Dreyfus, coupable d’être innocent, il savait qu’on condamnerait Picquart, doublement coupable d’une double innocence : celle de Dreyfus et la sienne. Il savait tout cela, et il a choisi le cachot. » Et de conclure : « Je dirai du colonel Picquart que c’est un homme. Dans les temps de déchéance et d’avilissement que nous traversons, être un homme, cela me paraît quelque chose de plus émouvant et de plus rare que d’être un héros... L’humanité meurt d’avoir des héros ; elle se vivifie d’avoir des hommes ».  Au cours de l’Affaire, il l’invite plusieurs fois à déjeuner et, quand l’officier est incarcéré à la prison du Cherche-Midi, il lui rend visite à quatre reprises au moins (le 22 août, le 27 novembre, le 7 décembre 1898, et fin janvier 1899). Néanmoins, après la libération de Dreyfus, gracié par Émile Loubet, les dreyfusards commencent à se diviser, parfois même à se déchirer, et les deux amis ne se retrouvent pas dans le même camp : alors que Mirbeau reste fidèle à Dreyfus, Picquart reproche à ce dernier d’avoir accepté sa grâce et le traite désormais avec beaucoup de mépris, refusant même de le recevoir.

P. M. 

 

            Bibliographie : voir la notice Affaire Dreyfus.


Glossary 3.0 uses technologies including PHP and SQL