Familles, amis et connaissances

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Terme
SAINT-PAUL, baron de

SAINT-PAUL, Gaston Paul Verbigier, baron de (1821-1878), homme politique bonapartiste. Originaire de Fabas (Ariège), le baron de Saint-Paul est fils d’un général d’Empire anobli par Napoléon pour avoir pénétré le premier la brèche de Saragosse. Sous-préfet à Castres, puis à Brest, préfet de la Meurthe, puis du Nord, il devient sénateur de 1869 à 1870 dans les rangs des partisans du régime impérial. Candidat bonapartiste, il est élu député de l’arrondissement de Saint-Girons, en Ariège, le 20 février 1876. En pleine crise constitutionnelle, au lendemain du coup de force du 16 mai 1877, lorsque Albert de Broglie prend la tête d’un gouvernement d’union des droites, dit « d’ordre moral », il confie le Ministère de l’Intérieur à un bonapartiste à poigne, Oscar de Fourtou. Celui-ci appelle le baron de Saint-Paul, ami personnel et influent de Mac-Mahon, pour diriger le personnel, avec pour objectif d’empêcher les républicains de revenir en force à l'Assemblée nationale. Saint-Paul place alors dans son fief d’Ariège des hommes de confiance. Lasserre, un de ses anciens employés des forges de Liverdun, devient préfet, et Octave Mirbeau, qui vient de collaborer à L’Ordre de Paris, où il signait des chroniques dramatiques, est nommé chef de cabinet. Mirbeau prend ses fonctions le 29 mai 1877, à l’âge de 29 ans.

On comprend que, rejoignant les Pyrénées lointaines dans les bagages du baron de Saint-Paul, figure emblématique du saint-gironnais, Octave Mirbeau ait été crédité à tort par les observateurs parisiens du titre de sous-préfet de Saint-Girons. Une erreur tenace qui a donné lieu à quelques « témoignages » surprenants, ceux notamment de Paul Hervieu (« M. Octave Mirbeau », Le Jour, 28 avril 1883) et de Félicien Champsaur (« M. Octave Mirbeau », L'Événement, 25 novembre 1886), présentant le sous-préfet Mirbeau semant « la terreur parmi les misérables habitants de ces altitudes inclémentes ». En fait, Mirbeau vivait et travaillait à Foix, et accessoirement, collaborait anonymement au journal bonapartiste L’Ariégeois. C’est là qu’il a vécu l’échec électoral du 14 octobre 1877. Sur les trois sièges que détenaient les conservateurs, seul Saint-Paul conserve le sien, et encore, pour peu de temps, puisque son élection est invalidée et qu’il est battu le 7 juillet suivant. Contraint à la démission le 15 décembre 1877, Mirbeau se voit confier la rédaction de L’Ariégeois, où il écrira de nombreux articles de janvier 1878 à janvier 1879, certains signés, d’autres anonymes. En bon serviteur du baron de Saint-Paul, Mirbeau y combat les républicains, qu’ils soient politiciens, journalistes, instituteurs ou même curés. Était-il alors, comme il l’a laissé entendre ensuite dans Un gentilhomme, un prostitué de la plume ? Ou adhérait-il au bonapartisme (voir la notice) qui dénonçait les mensonges et tromperies de la pseudo-République et défendait sous beaucoup d’aspects la cause des sans-voix ? Ce qui est sûr, c’est qu’il prend du plaisir dans des combats locaux et querelles de clocher qui avec le recul paraissent bien insignifiants. En fait, il apprend. Il enrichit son « herbier », comme il dira dans Un gentilhomme, de personnalités humaines et il aiguise son regard sur l’administration et la politique. Le baron de Saint-Paul meurt le 25 novembre 1878 dans son château de Poudelay, près de Fabas. Octave Mirbeau consacre un long article à ses funérailles dans L’Ariégeois du 4 décembre. Le cortège qu’il décrit, où « l’on n’entendait que les cahots du char roulant sur la terre raboteuse, un piétinement vague et confus, des murmures de prières, de sanglots étouffés, et dans le lointain, des voix tristes qui chantaient », évoque la procession de Sainte-Anne d’Auray qu’il décrira plus tard, dans Sébastien Roch.


J. P.

 

Bibliographie : Sharif Gemie, « Un raté. Mirbeau, le bonapartisme et la droite »,  Cahiers Octave Mirbeau, n° 7, pp. 75-86 ; Pierre Michel,, « Mirbeau et l’Empire », in Actes du colloque de Tours L’Idée impériale en Europe (1870-1914),  Littérature et nation, n° 13, 1994, pp. 19-41  ; Pierre Michel, « L’Itinéraire politique de Mirbeau », Europe, n° 839, mars 1999, pp. 96-109 ; Octave Mirbeau, Chroniques ariégeoises, recueillies par Jean Philippe, Labarre, L’Agasse, 1998 ; Jean Philippe, « Octave Mirbeau en Ariège (1877-1879) », in Société ariégeoise - Sciences, lettres et arts, Foix, 1997, t. LXI, pp. 27-40 ; Jean Philippe, « L’herbier humain », préface des Chroniques ariégeoises, loc. cit., pp. 13-29.

 

 

 


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