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Terme
STRINDBERG, august

STRINDBERG, August, (1849-1912), romancier et dramaturge suédois, d’inspiration naturaliste à ses débuts, plutôt expressionniste à la fin de sa vie. Malheureux en ménage et violemment anti-féministe, il s’est fait le théoricien de l’infériorité naturelle des femmes. Il était psychologiquement fragile, voire dérangé, et souffrait du délire de la persécution). Il a vécu plusieurs années en France, à partir d’août 1894, et a rédigé en français Inferno (1897). Il est notamment l’auteur de La Chambre rouge (1879), Le Royaume nouveau (1882), Le Fils de la servante (1887), autobiographie, Au bord de la vaste mer (1890). Au théâtre, il est surtout connu pour Père (1887), Mademoiselle Julie (1889), Créanciers (1889) et La Danse de mort (1900). Il a aussi donné des drames historiques inspirés par l’histoire de la Suède : Éric XIV (1899), Charles XII (1901), Gustave III (1903).

Mirbeau, qui ne connaissait qu’une petite partie de son œuvre, ne l’appréciait pas du tout et le jugeait par trop surestimé : « M. Auguste Strindberg fut, il faut bien l'avouer, une assez fâcheuse invention ; fâcheuse pour lui et pour nous. On croyait avoir mis la main sur un autre Ibsen. [...] On dut vite reconnaître que l'on s'était trompé. Comme dramaturge, M. Strindberg ne dépasse pas l'honnête moyenne de nos habituels fournisseurs de théâtre ; comme nouvelliste et comme romancier, il s'atteste d'une éclatante infériorité. » Mais ce que Mirbeau critique plus encore, c’est  « son anthropologie », dont les méthodes pseudo-scientifiques lui paraissent aussi dérisoires que celles de Cesare Lombroso (voir la notice) : il n’y voit qu’ « une molle resucée, un morne remâchement des cuisines lombrosiennes » (« Knut Hamsun », Le Journal, 19 mars 1895). Quelques semaines plus tôt, répondant à l’enquête d’un journaliste, à la suite de la publication d’un article provocateur de Strindberg dans La Revue blanche, il était rangé parmi les « défenseurs des femmes » parce qu’il tournait en dérision les arguments prétendument scientifiques au nom desquels Strindberg décrétait les femmes inférieures aux hommes :  « M. Strindberg tombe dans l'erreur commune à beaucoup d'hommes qui appliquent à la femme une tare d'infériorité en ce qu'elle n'a pas la même forme d'esprit, les mêmes qualités de sensations, les mêmes aptitudes que l'homme, c'est-à-dire en ce qu'elle n'est pas un homme. Cela m'a toujours semblé un fâcheux raisonnement. |...] Je ne vous parlerai pas des expériences scientifiques, pesées, mensurations, analyses chimiques, descriptions micrographiques, etc., toute cette cuisine de laboratoire à laquelle se livre M. Strindberg dans l'espoir de découvrir au fond d'une éprouvette un précipité d'infériorité féminine ou le bacille de la supériorité masculine. Tout cela me paraît d'un snobisme assez caractérisé. La vérité est que M. Strindberg a dû beaucoup souffrir de la femme. Il n'est pas le seul et c'est peut-être de sa faute. »

P. M.


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