Familles, amis et connaissances

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Terme
VUILLARD

VUILLARD, Edouard (1868-1940), peintre, graveur et décorateur français. Au lycée Condorcet, il rencontre K.-X. Roussel qui deviendra son beau-frère. Puis il suit des cours aux Beaux-Arts et à l’Académie Julian, où il se lie avec Sérusier, Denis, Bonnard avec qui il forme le groupe des Nabis ; ils exposent ensemble de 1891 à 1894 chez  Le Barc de Bouteville. Il collabore à La Revue Blanche. Son art schématique, aux aplats colorés cernés d’arabesques souples, aux mises en page audacieuses, est influencé par Gauguin et les estampes japonaises (Le Liseur, 1890). Comme en témoignent certaines de ses œuvres, il est également sensible aux théories pointillistes de Seurat (Les Débardeurs, 1890)  Même s’il fréquente le milieu symboliste, il reste fidèle au quotidien sans jamais se perdre dans le mystère et le fantastique ; peintre intimiste, il préfère les intérieurs bourgeois, les scènes de rue ou les portraits. Il s’intéresse également aux arts décoratifs, il travaille pour le Théâtre de l’Œuvre et le Théâtre-Libre et exécute de grandes décorations murales (salle à manger des Natanson, Foyer des Champs-Elysées, Palais de Chaillot…).

Mirbeau connaît Vuillard, qui collabore à La Revue blanche, il possède d’ailleurs plusieurs de ses lithographies. Il a sans doute  admiré  les « exquis panneaux » décoratifs qu’Alexandre Natanson a commandés au peintre pour la salle à manger de son appartement, ainsi que les dessins pour les affiches et les programmes que Vuillard a exécutés pour le Théâtre de l’Œuvre. Il est fort peu probable qu’il n’ait pas vu la première exposition de l’artiste qui s’est tenue, en 1891, dans les salons de La Revue Blanche. Cependant, même si leurs chemins se sont déjà croisés depuis longtemps, Mirbeau ne mentionne pas le nom de ce peintre avant 1900, et encore il n’est qu’un nom dans une liste glorieuse. Dans sa longue étude sur Maillol, le journaliste esquisse un premier portrait. C’est un portrait de groupe et, de plus, rapidement brossé, mais les figures se mettent en place : « Maillol entra dans un cénacle de précieux artistes, d’une haute culture intellectuelle et morale, les Vuillard, les Bonnard, les Roussel, les Valtat, les Maurice Denis, qui, comme lui, loin des arrivismes grossiers et des salissantes réclames, avec la même foi ardente, profonde et réfléchie, mais avec des sensibilités différentes, renouvellent l’art de ce temps et ajoutent une gloire à ses gloires. » (La Revue, 1er avril 1905). Les points que Mirbeau va développer dans ses articles ultérieurs et plus particulièrement dans celui de la vente de la collection Natanson, sont déjà en germes ici : leur éthique, leur esthétique et leur amitié. Pour lui, cette notion de groupe est importante, car elle est le reflet de sa conception de l’amitié. Ils partagent leurs ateliers, leurs découvertes, leurs passions, mais ils savent conserver leur personnalité qui est la marque de leur génie : « ils avaient, pour se maintenir étroitement unis, d’autres excitants que la gloriole, l’arrivisme, le désir du succès et de l’argent, ils avaient un lien commun plus noble : la volonté de développer, de fortifier ; chacun, dans son sens, leur personnalité. » (Préface au catalogue de l’Exposition Vallotton, janvier 1910). Il a beau exprimer à plusieurs reprises l’estime qu’il porte à  cet homme que l’on réduit à tort à  «  un charmant intimiste », alors qu’il « couvre les murs, les vastes panneaux décoratifs, de grands horizons qui vibrent dans la lumière, de grands ciels mouvants, de longues processions humaines » (ibid.), il l’associe cependant, systématiquement, aux autres Nabis. Jamais il ne lui consacrera un article personnel.

Voir aussi la notice Nabis.

L. T.-Z.


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