Familles, amis et connaissances

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Terme
DUPUY, charles

DUPUY, Charles (1851-1923), politicien opportuniste français, né au Puy-en-Velay. Agrégé de philosophie, puis inspecteur d’académie, il a été député de la Haute-Loire de 1885 à 1900. Il a été ministre de l’Instruction Publique en 1892, puis à trois reprises président du Conseil : du 4 avril au 25 novembre 1893, du 30 mai 1894 au 13 janvier 1895, et du 1er novembre 1898 au 22 juin 1899 (il a alors été investi par 418 voix contre 58). Il a ensuite siégé au Sénat, de 1900 à sa mort. Au cours de l’affaire Dreyfus, il s’est distingué par sa vive opposition au révisionnisme et par son incapacité, proche de la complicité, à contenir les factieux de l’extrême droite nationaliste et antisémite.

Dans ses articles de L’Aurore, Mirbeau a fait du républicain anti-dreyfusard qu’était Charles Dupuy une de ses têtes de Turc privilégiées et n’a cessé de dénoncer avec virulence sa complicité objective avec les nationalistes factieux. Au lendemain du houleux meeting de Toulouse, le 22 décembre 1898, il lui adresse une lettre ouverte, co-signée par Francis de Pressensé et Pierre Quillard, pour l’accuser d’avoir laissé les antisémites agresser et menacer de lyncher les trois orateurs dreyfusistes : « C’est purement pour la forme que nous attirons votre attention sur les actes de sauvagerie policière et les tentatives d’assassinat nationaliste commis hier, 22 décembre, à Toulouse, actes et tentatives imprévus pour tout le monde, sauf pour vous, qui les aviez apparemment ordonnés et conseillés ». Et il accuse de surcroît Dupuy « d’avoir «  été complice, en 1894, de la forfaiture du général Mercier », puis, dernièrement, « complice de l’attentat du général Zurlinden » contre le colonel Picquart emprisonné, et aussi d’avoir eu « la plus odieuse des responsabilités » dans « la confection et dans l’exécution » des « lois scélérates » et liberticides de 1894 (« Le Guet-apens de Toulouse », L’Aurore, 24 décembre 1898). Deux mois plus tard, dans une interview imaginaire, il lui prête des intentions machiavéliques : « D’abord, faire écraser les dreyfusards par les nationalistes ; ensuite, écraser les nationalistes, et, sur tous ces débris, installer une bonne petite république à moi, avec de la proscription, de la relégation autour, et des assommades, des lois scélérates, des associations de malfaiteurs !... Le grand jeu, quoi ! » Au narrateur qui lui suggère de « de gouverner avec la vérité », il réplique imperturbablement : « Ai-je l’air d’un Dupuy d’où sort la vérité ? » (« Mon ami Dupuy », L’Aurore, 23 février 1899). Nouveaux aveux cyniques de la même farine deux semaines plus tard, alors que les révélations se succèdent, menaçant son gouvernement : « Les révélations d’Esterhazy !... fit-il avec un sourire méprisant... Mais qu’est-ce que les révélations d’Esterhazy auprès de celles que je pourrais faire, si je voulais ?... De la gnognote, mon petit, de la gnognote !... Toutes les infamies ignorées, tous les crimes inconnus, même d’Esterhazy, le rôle de Boisdeffre, et Gonse, Lauth, Pellieux, Gribelin... Toute cette tragédie sinistre de l’État-Major, je la connais, moi qui te parle !... Et je la connais d’autant mieux que j’y ai participé, moralement du moins... Et c’est parce que j’y ai participé que je la couvre !... Entendons-nous, cependant... Ces criminels, je les couvre aujourd’hui... demain, peut-être, je les châtierai, si je ne puis faire autrement... Et je les châtierai d’autant plus rudement que je les aurai plus longtemps couverts et plus énergiquement protégés. Voilà comme je suis, moi !... » (« Encore mon ami Dupuy », L’Aurore, 11 mars 1899).  

P. M.


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