Familles, amis et connaissances

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Terme
ROD, édouard

ROD, Édouard (1857-1910), professeur de littérature comparée, critique littéraire et romancier suisse de langue française, d’inspiration schopenhauerienne et d’imprégnation calviniste. D’orientation naturaliste à ses débuts (Palmyre Veulard, 1881, Les Protestants, 1882, La Femme d’Henri Vanneau, 1884), il a ensuite évolué vers le spiritualisme, le psychologisme et le moralisme et a mis en scène des luttes de conscience sur fond d’inquiétude métaphysique  dans ses romans les plus connus : La Course à la mort (1885), Le Sens de la vie (1889), roman qui marque un pas important sur la voie du retour à la religion,  La Sacrifiée (1892), La Vie privée de Michel Tessier (1893), La Seconde vie de Michel Tessier (1894), Le Silence (1894), Les Roches blanches (1895), Le Ménage du pasteur (1898). À cet homme en quête de sens, la religion a fini par lui apparaître comme le seul  remède au néant de la vie.

Mirbeau a fréquenté Rod un temps. C’est ainsi que, en janvier 1886, il l’a invité à participer au premier dîner des Bons Cosaques, qu’il venait de fonder avec Paul Hervieu. Deux ans plus tard, c’est à Rod qu’il présente ses tardives excuses pour son odieux article de jadis, « La littérature en justice » (La France, 24 décembre 1884). Quand Émile Hennequin, dont il est l’ami, meurt accidentellement noyé, en juillet 1888, Rod demande à Mirbeau d’intercéder auprès de Francis Magnard pour que puisse être lancé, dans Le Figaro, un appel au soutien financier de sa veuve, qui ne demandait rien de ce genre, d’où une plate lettre d’excuses de Mirbeau, fort ennuyé. Mais l’orientation religieuse et puritaine de Rod ne peut que créer un abîme entre les deux écrivains, et Mirbeau ne manque pas une occasion de déblatérer contre Rod, par exemple dans une lettre à Hervieu du printemps 1889, lorsqu’il rapporte sa rencontre avec le docteur Vuilliet de Genève : « Comme je lui parlais de Rod, le docteur Vuilliet fit une grimace inexprimable (il ressemble beaucoup à Coquelin Cadet), et il s’écria : “Ah ! je vous en prie, ne me parlez pas de ça ! C’est mon cauchemar ! Si je suis ici, c’est pour fuir ce Rod, pour ne plus le voir, n’en entendre plus parler !... Dieu sait si à Genève nous avons des protestants insupportables… Mais aucun ne l’est plus que ce Rod !... Non, ce Rod !... Roturier, intrigant, respectable, lâche, ignorant, prosélyte, il est capable de toutes les vilenies… Et puis, cet homme distille trop l’emmerdement ! Moi, une canaille, ça m’est égal, mais qu’elle ne m’emmerde pas !... Or ce Rod m’emmerde, m’emmerde, m’emmerde !... Comment diable avez vous pu connaître un emmerdeur pareil ?” Et les “merdes”volaient, mon bon ami, avec une rage croissante. Je lui racontai l’histoire de Rod, à la mort d’Hennequin ! / — Comment ! rugit le docteur… Vous lui avez envoyé l’argent à lui !... Mais il l’a mangé, mon cher Monsieur… Et si vous n’avez pas pris toutes vos précautions, il vous accusera d’improbité !... C’est bien cela !... Il faut qu’il se faufile partout, le misérable !... Partout, ça suinte le Rod !... Même ici, du diable si j’aurais pu croire qu’on m’en parlât ! Merde ! Merde !” » Les relations de Mirbeau avec Rod semblent s’être arrêtées là.

P. M.

 


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