Familles, amis et connaissances

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Terme
CHARPENTIER, georges

CHARPENTIER, Georges (1846-1905), célèbre éditeur français. Fils de Gervais Charpentier (1805-1871), qui a été considéré souvent comme le fondateur de l'édition moderne avec ses collections bon marché (trois francs cinquante), Georges Charpentier était détesté par son père, à la fois à cause de sa vie de bohème et des doutes sur la légitimité de sa naissance. En dépit de la volonté manifestée par Gervais de ne pas voir son fils lui succéder, un arrangement familial l'installe à la tête de l'entreprise en 1871, alors que la maison a été rudement affectée par la guerre et la Commune. La signature providentielle d'un traité avec Émile Zola, en 1872, puis avec Flaubert, Théophile Gautier, Edmond de Goncourt et les petits naturalistes, lui a permis de donner à son affaire une grande extension. Néanmoins, une gestion hasardeuse l'oblige, en 1883, à faire appel aux banques, à vendre des terres et à signer avec Marpon et Flammarion, le 11 mai, un accord par lequel les nouveaux associés participent pour moitié au capital de l'entreprise, fixé à un million. Par le contrôle qu'ils ont de la diffusion, ils s'assurent du même coup un droit de regard sur la publication des nouveautés. À la mort de Charles Marpon en 1890, son gendre Eugène Fasquelle devient l’associé de Georges Charpentier, qui se retire définitivement des affaires en 1896 en lui cédant la totalité de son entreprise. Marié à Marguerite Lemonnier (1848-1904), qui a tenu longtemps un salon réputé, qui était fort appréciée de Mirbeau et qui a été peinte par Renoir, Charpentier ne lui survivra pas longtemps. Son image de marque est ambivalente : d’un côté, il incarne un éditeur à l’ancienne, qui entretient des liens d’amitié avec ses auteurs et qui tente de donner à sa maison et à ses collections un prestige international ; de l’autre, il était quelque peu flegmatique et sa gestion était souvent mise en cause par les écrivains pour son supposé manque de sérieux en affaires.

Nous ignorons à quelle date ont commencé les relations amicales entre Mirbeau et Charpentier. Toujours est-il que c’est vers ce dernier que, fin 1887, se tourne Alice Mirbeau, soutenu par Octave, pour publier La Famille Carmettes. Un an plus tard, le 22 octobre 1888, renonçant aux liens exclusifs qu’il avait eus jusqu’alors avec Ollendorff, Mirbeau décide de changer de crèmerie et de passer chez un éditeur moins commercial et plus prestigieux. Ce jour-là, il signe avec Charpentier un contrat d’un type nouveau, qui l’engage pour cinq romans... dont il n’a pas encore écrit une ligne ! La chose était alors fréquente pour des écrivains vivant de leur plume, à l’instar de Catulle Mendès, qui avait signé avec Dentu un contrat portant sur dix volumes, et avec Charpentier un deuxième contrat portant sur trois romans... Le pourcentage de droits d’auteur est un peu moindre que celui signé avec Ollendorff pour L’Abbé Jules, paru six mois plus tôt. Mais du moins le contrat offre-t-il au romancier endetté 4 050 francs dès la signature du contrat et, surtout, des garanties pour l’avenir. Dès lors Mirbeau se lie durablement d’amitié avec Georges et Marguerite Charpentier, mais il lui arrive souvent de râler contre cette « désolante » maison et de se plaindre des lenteurs et du manque de réactivité de son éditeur, chez qui il ne publiera finalement que Sébastien Roch (1890) et Contes de la chaumière (1894), les œuvres suivantes paraissant sous le règne d’Eugène Fasquelle, successeur de Charpentier.

P. M.



Bibliographie : Virginie Meyer, « Les lettres d’Octave et Alice Mirbeau à Georges Charpetier : deux auteurs, un éditeur,une amitié », Cahiers Octave Mirbeau, n° 14, 2007, pp. 197-206.

 

 

 

 


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