Familles, amis et connaissances

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Terme
DESPREZ, louis

DESPREZ, Louis (1861-1885), romancier d’inspiration naturaliste. Fils d’un inspecteur d’académie, il a débuté en 1883 par des poèmes, La Locomotive, puis, en 1884, par un recueil d’études critiques, L’Évolution naturaliste, suivi d’un roman truculent de mœurs paysannes, écrit en collaboration avec un jeune écrivain encore mineur, Henry Fèvre, et publié en Belgique par Kistemaeckers  : Autour d’un clocher (1884). Ce roman lui a valu une condamnation à un mois de prison et mille francs d’amende pour « outrage aux bonnes mœurs »... Il a décidé d’assurer lui-même sa défense, qui a été publiée sous ce titre : Pour la liberté d’écrire (1885). Sorti de prison en mars 1885, il est mort en décembre de la même année, très prématurément, des suites de son séjour à Sainte-Pélagie.

Lors du procès de Desprez, Mirbeau, le futur justicier des lettres, s’est bien malencontreusement distingué en applaudissant, sans avoir lu le livre (du moins le prétend-il, ce qui est douteux), à une condamnation qui aurait dû le révolter, dans un article aussi stupide qu’odieux, intitulé « La littérature en justice » (La France, 24 décembre 1884). Il en a conçu un profond sentiment de culpabilité et s’en est excusé auprès de Desprez lui-même dès mars 1885, en arguant qu’on ne saurait reprocher à un écrivain une opinion de journaliste, argument évidemment un peu court et bien trop commode pour être vraiment honnête.  Reste à essayer de comprendre ce qui s’est passé lors de ce déplorable dérapage, tellement contraire à sa future image de marque. Deux explications, qui ne s’excluent pas, peuvent être envisagées. Tout d’abord, il est bien possible que Mirbeau ait voulu se venger de l’éditeur belge Kistemaeckers, à propos duquel il dit, dans l’article, que, pour lui, « la littérature sera obscène ou ne sera pas » : en effet, Kistemaeckers prétendra par la suite que Mirbeau lui aurait proposé de publier un sien roman – mais quel ? –, à l’automne 1884, et qu’il aurait décliné cette proposition.  Deuxième hypothèse : il se trouve que Gyp (voir la notice), qui vient d’accuser Alice Regnault d’avoir voulu la vitrioler, est également visée dans la dénonciation qu’il fait des livres obscènes, alors que ses romans anodins ne sauraient en aucune façon être taxés d’obscénité et qu’elle n’est donc pas du tout à sa place. De sorte qu’on peut se demander si la véritable cible de Mirbeau ne serait pas Gyp et si Desprez ne serait pas simplement une victime collatérale de l’affaire Gyp.

P. M.

 


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