Familles, amis et connaissances

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Terme
COURBET, gustave

COURBET, Gustave (1819-1877), peintre français, le plus illustre représentant du réalisme pictural. Ami de Proudhon, pour qui il réalisait « l'idéal moderne en peinture », solidaire des luttes ouvrières et des revendications sociales, il a fait de la provocation permanente des valeurs établies un élément important de sa carrière sous le Second Empire. Il a participé à la Commune et été élu au conseil de la Commune pour le 6e arrondissement de Paris, dont il a démissionné en mai 1871. Accusé à tort d’avoir ordonné la destruction de la colonne Vendôme, il a été incarcéré un an et condamné par les Versaillais à en payer la reconstruction de sa poche pendant trente ans. Impécunieux, il est mort en exil en Suisse. Il a peint des portraits (Baudelaire, Berlioz, Bruyas, Gueymard), des paysages (La Vague), des nus (Les Baigneuses), des scènes de la vie quotidienne où il refusait toute idéalisation et tout affadissement (Les Cribleuses de blé). Nombre de ses toiles ont fait scandale : Les Demoiselles des bords de Seine, L’Enterrement à Ornans, Bonjour, Monsieur Courbet, Les Baigneuses, L’Atelier, etc. Quant à L’Origine du monde, toile représentant en gros plan le sexe d’une femme dont on ne voit pas le visage (Musée d’Orsay), elle était la propriété de Khalil Bey, clef d’un personnage de La Maréchale ; d’autres toiles, également sujettes à scandale et destinées à des collectionneurs privés, n’étaient pas davantage vouées à être exposées.

Il semble que Mirbeau ait rencontré Courbet dans son atelier, soit à la veille de la guerre de 1870, soit entre sa libération de prison, en 1872, et son départ en exil, en 1873. Dans une chronique parue le 10 juin 1881, dans Le Gaulois, sous la signature de Tout-Paris, « Devant les toiles de Courbet », il évoque sa voracité légendaire,  « son orgueil » qui « était à la hauteur de son appétit » et son impressionnante « confiance en lui-même, à la fois naïve et sublime ». Mirbeau avait une admiration certaine pour le peintre et ne pouvait qu’approuver sa rupture avec l’académisme, payée à coups de sandales. Mais il n’oubliait pas pour autant que les Hollandais, et, en France, Le Nain et Chardin avaient été réalistes bien avant Courbet et il considérait que Proudhon l’avait « perdu » en insistant trop sur la portée subversive de ses toiles et en décrétant que « les  Casseurs de pierre représentaient le prolétaire séculairement opprimé ; que l’Enterrement à Ornans et le Retour de la conférence ridiculisaient à jamais le catholicisme, et que les Demoiselles de la Seine étaient le type de cette bourgeoisie lymphatique et blafarde qu’il fallait détruire ». À deux reprises, Mirbeau cite une réflexion de Courbet sur la Villa Médicis et les Prix de Rome : « Pourquoi les envoie-t-on là-bas, ces pauvres bougres-là, Ils ne sont donc nés nulle part ? » (« Nos bons artistes », Le Figaro, 23 décembre 1887, et Réponse à une enquête de Maurice Le Blond, L’Aurore, 18 avril 1903). En octobre 1909, dans sa préface au catalogue du Salon d’Automne, il voit en Courbet « l’égal de Rembrandt, de Titien, de Vélasquez, de Tintoret » et il le loue d’avoir « renouvelé profondément l’art français » et formé Manet, Monet, Pissarro et Cézanne. Si on ne lui reconnaît pas ce rôle fondateur et ce renouvellement , dû à « sa perpétuelle invention », si on essaie de le salir par de « stupéfiantes âneries et de grossiers blasphèmes esthétiques », c’est parce que « ce réaliste impénitent », à l’âme « ardente et généreuse » a été communard et a osé rêver « à un peu plus de liberté et à un peu plus de bonheur pour les hommes » : « Cela sonne mal, aujourd’hui encore, aux oreilles des amateurs de peinture. »

P. M.

 

 


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