Familles, amis et connaissances

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Terme
BRZECHWA, jan

BRZECHWA, Jan (1900-1966), poète et écrivain polonais, connu en Pologne surtout par ses poèmes pour enfants. Il est notamment l’auteur d’un roman autobiographique, Gdy owoc dojrzewa (Quand le fruit mûrit, 1958), dans lequel apparaît, par le biais d’une correspondance entretenue avec une dame russe, Octave Mirbeau. Les lettres sont échangées pendant la période des troubles révolutionnaires en Russie, entre les années 1904 et 1905. Le lecteur n’accède à leur contenu qu’indirectement, par le récit du narrateur homodiégétique, qu’il est permis de rapprocher de Jan Brzechwa. La correspondante rapporte, dans ses lettres à Mirbeau, l’état de la cause révolutionnaire, et reçoit des encouragements de l’écrivain français, qui se dit vivement intéressé par le sort du peuple russe : « Ma noble amie, dites à vos compatriotes que le peuple ouvrier de Paris est avec vous ! Le peuple russe peut compter sur notre aide ! », écrit-il (en français dans le texte). La création de la Société des Amis du Peuple Russe par Mirbeau et Anatole France serait inspirée en partie par cette correspondance.

Il se pose naturellement la question de la véracité de cet épisode. Or, tous les détails de l’engagement d’Octave Mirbeau dans le soutien du peuple russe sont conformes à la réalité : il a effectivement créé, avec Anatole France, la Société des Amis du Peuple Russe ; et il s’est également prononcé à plusieurs reprises contre le régime tsariste (voir notamment ses articles de 1904 dans L’Humanité, depuis « L'Âme russe » jusqu’à « Le Chancre de l'Europe »). Il ne serait donc pas impossible qu’il soit effectivement entré en correspondance avec une dame russe. S’il n’a  pas été jusqu’alors possible de dissiper tous les doutes sur l’existence effective de cet échange, on peut néanmoins confirmer quelques détails concernant la correspondante. Dans le livre, elle s’appelle Natalia Stieblova. Elle est la fille d’un riche propriétaire, le comte O’Brien de Lassy qui, au cours du roman, meurt d’apoplexie à la suite des nouvelles du  « procès à scandale » de son frère, impliqué dans un meurtre. Or, non seulement on peut confirmer l’existence réelle de la famille O’Brien de Lassy, d’origine écossaise, établie sur les territoires de l’actuelle Biélorussie et, probablement, d’Ukraine (où se passe l’action de Quand le fruit mûrit), mais, qui plus est, la presse… américaine relate, entre les années 1910 et 1913, les détails et les suites du procès mené à Saint-Péterbourg contre le médecin Pantchenko et Patrick O’Brien de Lassy, qui l’aurait poussé à tuer le frère de sa femme, Ludmila O’Brien de Lassy, née Bouturline (voir par exemple le New York Times du 17 février 1911). De cette manière, certes indirecte, une correspondance entre Octave Mirbeau et la fille d’O’Brien de Lassy devient tout à fait plausible. Hélas, l’ouragan de la révolution d’Octobre en a très probablement effacé toutes les traces matérielles.

Voir aussi les notices Russie et Pologne.

A. S.

 

Bibliographie : Jan Brzechwa, Gdy owoc dojrzewa, chapitre XIII, Varsovie, Państwowy Instytut, 1958, et Iskry, 1960 ; Anita Staron, « Jan Brzechwa et Octave Mirbeau », Cahiers Octave Mirbeau, n° 18, à paraître en mars 2011.

 

 


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