Familles, amis et connaissances

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Terme
HEREDIA, josé-maria de

HEREDIA, José-Maria de (1842-1905), poète parnassien d’origine cubaine et d’ascendance espagnole, venu en France en 1861 et naturalisé en 1893. Il a été élu à l’Académie Française en 1894, en dépit d’une œuvre quantitativement très modeste et longtemps inédite en volume : il a en effet attendu 1893 pour recueillir dans Les Trophées les 118 poèmes bien ciselés, parus isolément dans diverses revues depuis trente ans. Maître du sonnet, il était avant tout soucieux de la perfection formelle. Il a dirigé les pages littéraires du Journal, à partir de 1899, et a été nommé administrateur de la bibliothèque de l’Arsenal, en 1901. Il tenait un salon fort couru, mais il était joueur et criblé de dettes. Comme la quasi-totalité des académiciens, il a été (mollement) anti-dreyfusard. Ses trois filles ont épousé trois écrivains : Maurice Maindron, Henri de Régnier et Pierre Louÿs.

Mirbeau n’a jamais été intime avec Heredia, et la froideur de la poésie parnassienne n’est pas vraiment ce qui était le plus susceptible de le toucher. Mais il l’a fréquenté (c’est dans son salon, par exemple, qu’il a fait la connaissance de Jean Gigoux, dont les confidences lui auraient inspiré La Mort de Balzac), il l’a reçu chez lui, à Carrières-sous-Poissy, et il a apprécié l’homme, jugé sympathique et accueillant. Il aussi admiré la forme de ses vers, qu’il prétendait avoir déclamés dans les embruns, sur les grèves bretonnes, tout en se demandant, en privé, ce que cela pouvait bien vouloir dire : « Regardez Heredia. Qu’est-ce que tous ces vers sur la mer veulent dire ? Il n’y a pas chez le plus grand poète l’ombre d’une idée. Ils se grisent de mots », écrit-il à Paul Hervieu. Néanmoins, dès 1883, dans Les Grimaces, Mirbeau citait le nom d’Heredia parmi les rares écrivains en qui il voyait des « phares », infiniment au-dessus des vaines réclames. Le poète lui a adressé une lettre de félicitations sur L’Abbé Jules, malheureusement non retrouvée. De son côté, Mirbeau a salué son académisation et lui a alors demandé de ne jamais voter pour Zola : « Il faut que vous condamniez ce mendiant à l’éternel plat ventre devant le seuil qu’il ne franchira jamais. » En 1901, tous deux ont participé au soutien à Laurent Tailhade.

P. M.

 


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