Familles, amis et connaissances

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Terme
BRUNEAU, alfred

BRUNEAU, Alfred (1857-1934), compositeur français. Après avoir obtenu le second prix de Rome en 1881, il a subi surtout l’influence de Berlioz et de Wagner. Après avoir fait la connaissance de Zola, en 1888, il est rapidement devenu le musicien attitré du naturalisme, tout en menant parallèlement une carrière de critique musical. Il a collaboré activement avec Zola, qui a rédigé les livrets de plusieurs œuvres communes : Le Rêve (1891), adapté du roman homonyme, Messidor (1897), L’Attaque du moulin (1893), Messidor (1897), opéra socialiste, L’Enfant roi (1905), Naïs Micoulin (1907), et surtout Lazare, oratorio très original, qui ne sera créé qu’en 1954. Il a également composé un beau Requiem (1896), qui a été enregistré récemment, de la musique de chambre et des mélodies. Il a été un ardent dreyfusard et a laissé un intéressant livre de souvenirs, À l’ombre d’un grand cœur (1931), où il parle de Mirbeau avec sympathie.  

Mirbeau a, semble-t-il, fait la connaissance de Bruneau en février 1898, à l’occasion du procès d’Émile Zola, à qui ils servaient de gardes du corps sur le chemin du tribunal. Ils se sont dès lors rencontrés souvent au cours de l’affaire Dreyfus et sont devenus bons amis. Dans ses tardifs souvenirs, Bruneau évoquera ainsi ses rencontres avec ses amis dreyfusards : « La verve d’Octave Mirbeau, particulièrement appréciée dans ce milieu vibrant, faisait nos délices. Dès que le ménage paraissait à la porte du salon, nos figures s’éclairaient, nos poumons se dilataient, dans la certitude où nous étions d’un divertissement somptueux et exceptionnel. Nul n’échappait à la causticité inépuisable de Mirbeau. L’étrange contorsion de ses lèvres, qui produisait une grimace à la fois burlesque et tragique, évoquait l’idée des solides mâchoires d’un fauve s’apprêtant à broyer les os et les chairs d’infortunées victimes. Mirbeau excellait au jeu de massacre des gloires contemporaines. […] L’énormité même des farces qu’il imaginait nous empêchait d’y croire un seul instant et […] nous n’éprouvions aucun scrupule à nous amuser de ces facéties magistrales, où il entrait d’ailleurs bien moins de méchanceté que de littérature. » Tous deux ont participé à la veillée funèbre de Zola, le 30 septembre 1902. Dans ses souvenirs, Bruneau racontera que le dramaturge, oubliant la situation, s’était mis à parler de littérature et à attaquer son sujet favori – la Comédie-Française et Claretie –, « multipliant les gestes, se tapant les genoux, levant les bras, sollicitant notre approbation ».

Un an avant le procès Zola, le 15 février 1897, Mirbeau avait assisté à la première de Messidor à l’Opéra de Paris et écrit le lendemain à Zola qu’il avait « trouvé la musique de Bruneau très noble, souvent très grande, nourrie et pleine » : « Le second acte, surtout, m’a semblé atteindre à une grande beauté. » En avril 1902, il a félicité directement le compositeur de L’Ouragan : « Vous êtes un rude et admirable bonhomme, dont on est fier d’être l’ami… Je veux vous dire encore toute la haute émotion d’art que je vous dois… Vous nous avez donné une musique nouvelle, infiniment poignante… » Il semble avoir moins apprécié L’Enfant roi.

P. M.

 

 


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