Familles, amis et connaissances

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Terme
ADAM, juliette

ADAM, Juliette (1836-1936), née Juliette Lamber, est une femme de lettres et une républicaine passionnée. Elle a été un temps l’égérie de Gambetta et est célèbre pour son esprit farouchement revanchard et son patriotisme exacerbé. Elle tenait un salon fort couru par les politiciens opportunistes. Veuve du sénateur Edmond Adam en 1877, elle a fondé La Nouvelle revue en 1879 et y a notamment publié et lancé Paul Bourget et Pierre Loti. Elle a fait paraître des nouvelles (Récits du golfe Juan, 1873), des romans (Grecque, 1877, Païenne, 1883) et Un rêve sur le divin (1888), dont s’est gaussé Mirbeau.

            Ce dernier ne pouvait guère être de ses amis, ayant d’abord servi la cause bonapartiste, puis s’étant rallié à l’anarchisme, c’est-à-dire à des adversaires résolus de la République parlementaire que soutient mordicus Juliette Adam. De surcroît il s’est moqué d’elle à plusieurs reprises, mais au début sous un masque : d’abord, dans une fantaisie pas trop méchante signée Tout-Paris et parue dans Le Gaulois le 18 juillet 1880, « La Poire et le fromage », sans qu’elle s’en formalise outre-mesure, mais dont il s’excuse auprès d’elle ; ensuite en 1884, dans un roman “nègre”, La Belle Madame Le Vassart (1884), où il caricature « la mère Adam », comme il l’appelle, sous le nom de Mme Hervé (de la Moselle). Or, fort curieusement, c’est quand même vers elle qu’il se tourne, au printemps 1886, pour lui proposer de faire paraître en feuilleton dans sa revue son premier roman officiel, Le Calvaire. Le choix est fort étrange, car le chapitre II, qui démystifie l’idée de patrie et donne de l’armée française une image lamentable, ne pouvait que choquer celle qui se considérait comme « l’âme de la patrie ». Comme c’était prévisible, elle refuse de pré-publier le scandaleux chapitre II, si contraire à ses convictions, mais elle accepte tout de même de publier le reste du roman, moyennant la somme de 2 500 francs, qui n’était pas négligeable. En 1887, elle songe un temps à confier à Mirbeau la critique d’art de La Nouvelle revue, mais recule face aux réactions de certains abonnés. Dans ses lettres privées,  Mirbeau a la dent très dure pour parler d’elle, dans ses lettres à Paul Hervieu, ce qui ne l’empêche pas de se montrer respectueux, humble et plein de bonne volonté dans celles qu’il lui adresse (et qui sont recueillies dans le tome I de sa Correspondance générale).

P. M.

 

                Bibliograhie : Correspondance générale, Tome 1, édition établie, présentée et annotée par Pierre Michel avec l'aide Jean-François Nivet, L'Âge d'Homme, 2002.


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