Familles, amis et connaissances

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Terme
BONNIERES, robert de

BONNIÈRES, Robert de (1850-1905), journaliste et romancier mondain. Chroniqueur au Figaro et au Gaulois sous les pseudonymes de Janus et de Robert Estienne, il y était grassement payé (30 000 francs par an !). Il était amateur d’art, se targuait d’être un connaisseur en matière de langue et tenait un salon littéraire fort couru. Ses chroniques ont été publiées de 1885 à 1888 sous le titre Mémoires d'aujourd'hui. Romancier, il a publié en 1885 Les Monach – dont Mirbeau a fait le compte rendu le 14 janvier, dans La France, occasion pour lui de battre sa coulpe pour l'antisémitisme des Grimaces –, en 1886 Le Baiser de Maïna, dont Mirbeau fait l’éloge obligé à la demande de son patron Arthur Meyer, en 1887 Jeanne Avril, et en 1890 Le Petit Margemont, que Mirbeau juge nul. Bonnières a effectué en 1885 un long voyage en Inde, d’où il a rapporté des « Notes sur l’Inde », pré-publiées dans la Revue bleue en 1886, puis insérées en 1888 dans le tome III des Mémoires d’aujourd’hui.

Malgré ses premiers éloges, Mirbeau n’a aucune estime particulière pour un « pschutteux » dépourvu, à es yeux, de tout talent, qui l’agace prodigieusement et qui ne doit sa réputation qu’à son influence sur les patrons de presse et l’éditeur Ollendorff. Aussi, quand son ami François Deloncle lui demande de mettre en forme ses rapports expédiés d’Orient à Jules Ferry et que, au cours de l’hiver, il les publie, en feuilleton dans Le Gaulois, sous le titre de Lettres de l’Inde signées du pseudonyme de Nirvana, Mirbeau a-t-il la satisfaction de damer le pion à Bonnières en faisant paraître avant lui de pseudo-reportages sur l’Inde, alors qu’il n’y a jamais mis les pieds. Nouvelle occasion de se payer sa tête six ans plus tard, quand Bonnières, le 22 février 1891, fait paraître, dans Le Figaro, sous le titre « Le Cas de M. de Goncourt », un méchant article, où il accuse le potinier d'Auteuil d’impuissance et de malveillance dans son Journal. Mirbeau est alors le seul à prendre vigoureusement la défense de Goncourt dans un article portant le même titre, qui paraît dans L'Écho de Paris daté du 17 mars, où il ironise sur le compte de son confrère : « Que vient faire en ce débat M. de Bonnières, dont la brusque et furieuse irruption a paru inconcevable, après le long silence, si bien accueilli de tous, où cet homme du monde, écrivain agréable et peu fécond, semblait devoir se confiner désormais ?  [...] M. Robert de Bonnières est un auteur difficile à contenter, voilà tout. Il ne trouve bons que ses livres et ceux de M. Brunetière qui publie ses livres. C’est une opinion un peu exclusive, mais, à tout prendre, respectable, et si inoffensive. En réalité, elle ne peut nuire qu’au seul M. de Bonnières, car, ses livres et ceux de M. Brunetière étant peu nombreux, ses joies littéraires doivent être assez rares et sans surprises... ». Goncourt écrit aussitôt avec reconnaissance, dans son journal : « Un article de Mirbeau, dans L'Écho de Paris, prenant ma défense contre de Bonnières, un article du tact le plus délicat et de la méchanceté la plus distinguée. C'est à l'heure qu'il est le seul valeureux dans les lettres, le seul prêt à se donner un coup de torchon. Ç'a été mon seul défenseur, mon seul champion. »  

P. M.

 

Bibliographie : Pierre Michel et Jean-François Nivet, préface des Lettres de l’Inde, L’Échoppe, Caen, 1991, pp. 7-22.


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