Familles, amis et connaissances

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Terme
DEROULEDE, paul

DÉROULÈDE, Paul (1846-1914), poète et politicien nationaliste. Il a fondé la Ligue des Patriotes en 1882. Boulangiste, il a été député de la Charente en 1892, et réélu en 1898. Anti-dreyfusard virulent, il a tenté un coup d’État dérisoire à l’occasion des obsèques de Félix Faure, en essayant d’entraîner le cheval du général Roget, le 23 février 1899, a été condamné pour cela à dix ans de bannissement et a dû vivre un temps en exil, à Saint-Sébastien. Comme poète, Déroulède est l’auteur des Chants du soldat (1872), qui ont établi sa réputation. Il a fait représenter un drame en vers, L’Hetman (1876), mais une autre pièce, La Moabite, a été interdite à la représentation en 1882. En 1890, il a publié un roman, Histoire d’amour.

Mirbeau s’est battu en duel avec lui le 28 janvier 1883, à la suite d’un sien article intitulé « Déroulède » et paru dans Le Gaulois le 11 janvier, où il ne voyait en lui qu’un patriote « de bravade, de parade et de carnaval, qui se rue sur les bocks et les jambons » et « fait grimacer » le patriotisme « sur les tréteaux, comme un pitre forain ». Il l’a de nouveau tourné régulièrement en dérision pendant l’affaire Dreyfus, notamment dans une lettre ouverte à Lucien Millevoye, où il rappelait son duel de jadis : « Moi, je me suis battu avec M. Déroulède. Et j’ai juré de ne pas recommencer... Je n’avais pas la sensation de me battre contre un homme, mais bien contre une arche de pont... Je voyais entre ses jambes des paysages infinis, des forêts, des fleuves, des coteaux, d’immenses ciels... » (L’Aurore, 19 janvier 1899).  Le 10 décembre 1898, Déroulède ayant ameuté les gros bras de la Ligue des patriotes lors d’un meeting dreyfusiste en l’honneur du colonel Picquart, à la salle Chaynes, il a été invité à s’exprimer contradictoirement à la tribune ; mais il s’est heurté à une telle hostilité de la salle que Mirbeau a été obligé de le protéger pour lui permettre de sortir de la salle sans dommage. Commentant une lettre de protestation de Déroulède, Mirbeau lui a alors fait avouer, à sa façon, qu’il faisait effectivement de la bien « mauvaise besogne en luttant contre la justice et en dénonçant la juridiction suprême du pays » (voir la lettre à Adrien Hébrard).

Mirbeau l’a évoqué de nouveau dans le n° de L’Assiette au beurre du 31 mai 1902, qu’il a rédigé seul, rappelant sa dérisoire tentative de coup d’État et opposant son exil doré à celui de Victor Hugo : « Pour avoir pris par la bride, deux fois, deux chevaux, et pour avoir cru à des métaphores qui ont perdu de leur force, est en exil, non sur un rocher,  mais dans un casino, ce qui convient mieux à son attitude, à ses gestes, à son éloquence, à sa redingote. Les exils se suivent et ne se ressemblent pas. »

P. M.

 

Bibliographie : Octave Mirbeau, L’Affaire Dreyfus, Librairie Séguier, 1991.


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