Familles, amis et connaissances

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Terme
DEGAS, edgar

DEGAS, Edgar (1834-1917), peintre, dessinateur, graveur et sculpteur français. Fils de banquier, il s’est initié à la peinture au musée du Louvre, en copiant de nombreuses toiles de maîtres, puis à l’École des Beaux-Arts, et enfin au cours de plusieurs voyages en Italie. Il a subi parallèlement l’influence d’Ingres et de Delacroix Après avoir tâté du style néo-classique et exécuté des portraits familiaux, il s’est orienté vers la peinture de la vie moderne (bains, courses de chevaux, bistrots), avec un intérêt passionné pour les figures de danseuses, peintes sous tous les angles et dans toutes les positions, sans la moindre complaisance et sans égard pour les canons esthétiques ni pour la pudeur des modèles, saisies sur le vif, dans des postures souvent hideuses qui satisfont la misogynie du peintre. Il a participé à la première exposition impressionniste, en 1874, et à la plupart des suivantes, ce qui lui a valu d’être généralement rangé parmi les impressionnistes, alors qu’il ne partageait pas leur intérêt pour la peinture de plein air et avait surtout en commun avec eux le refus de l’art académique, la recherche de voies nouvelles et le « retour à la lumière », selon l’expression de Mirbeau (« Le Salon I – Coup d’œil général », La France, 1er mai 1885). Alors que sa vue commençait à baisser, il s’est intéressé de plus en plus à la photographie et à la sculpture. Il passait pour être misanthrope, aigri et très mauvaise langue, et pour avoir un mauvais caractère qui éloignait d’autant plus la sympathie qu’il n’était jamais à court de répliques cinglantes ou de remarques désobligeantes.

Mirbeau a fait la connaissance de Degas à l’automne 1884, lorsque Paul Durand-Ruel, désireux de promouvoir ses peintres, le lui a présenté. Mais ils ne sont nullement devenus intimes et leurs rencontres semblent avoir été rares. Selon les souvenirs d’Ambroise Vollard, Degas se piquait même de ne pas reconnaître l’écrivain... Mirbeau n’a consacré qu’un seul article à Degas, dans La France du 15 novembre 1884. Il y insiste curieusement sur deux points. Tout d’abord, il voit en lui un « primitif égaré dans notre civilisation », qui a choisi de ne plus exposer du tout et qui, par « fierté » et « respect », refuse de se mêler aux « barbouilleurs de modes » : « Ou Degas sera avec ses pairs, Ingres, Delacroix, Corot, Whistler, Puvis de Chavannes, ou il ne sera pas du tout et nulle part. » Mirbeau y voit l’exigence d’un « grand artiste », qui « croit à l’art » et « en a l’amour hautain et jaloux ». Ensuite, ce qui le frappe, c’est que Degas traite tous ses sujets « avec la même logique impitoyable », sans rien enjoliver, sans rien laisser au hasard, en « dégageant d’une forme la pure essence » et en « laissant de côté les détails qui encombrent et qui alourdissent » : « La caractéristique du talent si intense, souvent abstrait, et qui étonne, de Degas, c’est la logique implacable de son dessin et de sa couleur. » Par la « ténacité » de ses observations et la « cruauté » de son exécution, il a notamment rendu les formes des danseuses « avec une telle intensité d'expression que quelques unes semblent de véritables suppliciées ». Pour lui, ses célèbres danseuses ne sont pas « de simples tableaux ou de simples études, mais des méditations sur la danse. » On a l’impression, à lire l’article, que la peinture de Degas obéit à des impératifs plus mathématiques ou scientifiques que picturaux : « On peut dire que ce n’est pas lui qui fait la composition de son tableau, c’est la première ligne ou la première figure qu’il y dessine ou qu’il y peint. Tout découle nécessairement, mathématiquement, musicalement, si vous voulez, de cette première ligne et de cette première figure, comme les fugues de Bach de la première phrase ou de la première sonorité, qui en forment la base. ».

Mirbeau s’est inspiré du caractère franc et parfois brutal de Degas pour imaginer les traits de caractère de son peintre Lirat du Calvaire (1886), dont la peinture évoque beaucoup plus celle de Félicien Rops. Il a possédé une toile de Degas, Danseuse à la barre, mais il l’a vendue en 1901 à Durand-Ruel. Il possédait aussi des lithographies de Degas, puisqu’il les a fait admirer au journaliste Louis Vauxcelles, venu l’interviewer en 1904. Mais, curieusement, le catalogue de la vente Mirbeau ne signale qu’un pastel de danseuse.

P. M.

 

Bibliographie : Samuel Lair, « Mirbeau Teste Degas », Cahiers Octave Mirbeau, n° 11, 2004, pp. 79-90 ; Samuel Lair, « Octave Mirbeau et le personnage du peintre », Cahiers d'études du récit français (C.E.R.F.), n° XX, Université de Brest, 2004, pp. 119-129 ; Octave Mirbeau, « Degas » La France, 15 novembre 1884.

 


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