Familles, amis et connaissances

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Terme
HENNIQUE

HENNIQUE, Léon (1850-1935), écrivain français né en Guadeloupe, à Basse-Terre. Léon Hennique arrive en France à l'âge de neuf ans. Il fait ses études à Brest, à Saint-Quentin puis à Paris chez les Jésuites. Après des études de droit et une formation de peintre en compagnie de Léon Gleize, il décide de se consacrer à la littéraire. Il réussit à publier le 20 mars 1876, dans La République des lettres, un fragment de drame romantique, Les Hauts faits de Monsieur de Ponthau. De 1880 à 1882, il travaille comme lecteur à la librairie Charpentier. Par l'intermédiaire de Huysmans et Alexis, il rencontre Émile Zola, dont il devient un fervent admirateur. Il participe aux Soirées de Médan, avec une nouvelle intitulée « L'Affaire du grand 7 ». Sans rompre totalement, il prend ses distances avec l'auteur de L'Assommoir et se rapproche de Goncourt, dont il devient, avec Léon Daudet, l'exécuteur testamentaire. Il doit alors  non seulement se battre contre la famille du défunt, qui s'estime spoliée, les dernières volontés du défunt, mais également mettre en place l'Académie Goncourt.  Il est l'auteur de plusieurs romans et quelques pièces : La Dévouée, 1878; L'Accident de M. Hébert, 1883; Poeuf, 1887; Un caractère, 1889. Il écrit également pour le théâtre : Pierrot sceptique, une pantomime de 1881, Jacques Damour, adaptation de la nouvelle de Zola, 1887 ; Esther Brandès, drame, 1887 ; La Mort du duc d'Enghien, 1888, drame historique ; Amour, drame historique, 1890; La Menteuse, en collaboration avec Daudet, 1892; L'Argent d'autrui, comédie, 1893; Deux patries, drame historique, 1895.

Hennique fait partie des quelques personnes que Mirbeau tutoie et leur 'amitié a perduré, en dépit des vicissitudes. Les deux hommes se sont rencontrés dans les années 1870, à l'époque où Octave est encore journaliste à L'Ordre, tandis que Hennique y fait paraître un roman, Elisabeth Couronneau, prélude à sa publication chez Dentu. Ils fréquentent le milieu naturaliste au point de se retrouver ensemble au Bœuf nature ou au célèbre dîner du restaurant Trapp.  « Notre amitié qui date de cette époque lointaine n'a jamais été troublée », confiera Hennique à la fin de sa vie.

Mirbeau a suffisamment d'estime pour Hennique  pour en faire son obligé et son confident. En mars 1886, il lui demande, par exemple, d'intervenir auprès d’Albert Besnard afin que le Jury du salon accepte  deux peintures de son épouse Alice. En novembre 1894, il lui confie longuement ses problèmes de santé, son dégoût de la vie, ses pensées suicidaires : « j’ai vécu, pendant plus de six mois, avec la terreur de me voir dans une petite voiture, sous les ombrages d’une maison de santé ».

Mirbeau, de son côté, défend l’œuvre de Léon Hennique avec ferveur, n’hésitant pas à batailler avec Magnard, pendant plusieurs mois, afin de faire passer un article consacré au roman, Un caractère. Le texte paraît finalement dans Le Figaro du 11 mai 1889 (« Le manuel du savoir écrire ») et Mirbeau y oppose l’écrivain Hennique, qui n’a « d'autres préoccupations que celles  de se satisfaire, de se plaire », à Bourget, toujours prompt à « s'organiser une belle réclame ». Simple concession à l’amitié ? Nullement Mirbeau croit si fort au talent de son ami qu’il lui écrit dans lettre du 6 février 1892 les mots suivants : « […] J’ai une si grande idée de toi, une telle certitude en ton avenir ».

En dépit de tout cela, les relations entre les deux se distendent petit à petit. Ils sont parfois une ou deux années sans échanger de lettres. Une raison à cela : Mirbeau se tourne de plus en plus vers les idées anarchistes alors que Hennique reste attaché aux convictions réactionnaires qu’il exprimait déjà dans L’Ordre.  L’affaire Dreyfus va accentuer le fossé puisque Mirbeau prend d'emblée la défense de l'officier injustement condamné tandis que Hennique se met dans le camp des antidreyfusards.

Malgré tout, le respect subsiste au point que Hennique (membre fondateur de l’Académie Goncourt au même titre que Mirbeau)  retient le vieil imprécateur quand celui-ci menace de démissionner de l'institution en 1907. Il faut dire qu’il était directement concerné par cette affaire Renard puisqu’il avait « omis » de voter pour l’auteur de Poil de Carotte, comme il s’y était engagé…

Y. L.

 


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