Familles, amis et connaissances

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Terme
SCHWOB, marcel

SCHWOB, Marcel (1867-1905), écrivain, traducteur et linguiste. Malgré une courte carrière littéraire, il a suscité l’admiration de ses contemporains (Mallarmé, E. de Goncourt, Anatole France) et inspiré des auteurs comme Breton, Artaud, Leiris, Mac Orlan, et surtout Borges. Son audience et son influence sont importantes à l’étranger, notamment en Italie (Wilcock, Tabucchi) et dans le monde hispanique (Bolaño, Arreola) où il est considéré comme un maître du récit bref. Il est l’auteur de contes symbolistes, d’histoires fantastiques (Cœur double, 1891 ; Le Roi au masque d’or, 1892), de poèmes en prose (Mimes, 1893) et d’une satire du journalisme (Mœurs des diurnales, 1903). Il a écrit une des œuvres majeures du symbolisme (Le Livre de Monelle, 1894) et n’a cessé d’élaborer de nouvelles formes littéraires, récit polyphonique (La Croisade des enfants, 1896) et biographies fictionnelles (Vies imaginaires, 1896) considérées désormais comme un jalon essentiel de l’histoire du genre. À côté d’une œuvre polymorphe et originale, ses traductions font toujours autorité : Defoe (Moll Flanders, 1895), De Quincey (Les Derniers jours d’Emmanuel Kant, 1899) et Shakespeare (La Tragique histoire d’Hamlet, 1900). Polyglotte, il fascine ses contemporains par son érudition et sa connaissance de la littérature anglaise. Il est le seul correspondant français de Stevenson, dont il cherche le tombeau lors d’un voyage dans le Pacifique (Vers Samoa, 2002). Il se passionne pour les bandes de malfaiteurs du passé et les criminels de son temps et, en disciple de Saussure et de Bréal, il laisse des essais sur l’argot et sur Villon qui font date (Étude sur l’argot français, 1889 ; Spicilège, 1896). Ses chroniques dans Le Phare de la Loire, journal nantais dirigé par son père puis son frère, montrent un esprit républicain épris de liberté, de laïcité, de progrès social et de justice.

Comme Mirbeau, il est l’un des collaborateurs à L’Écho de Paris dont il codirige le Supplément littéraire illustré de mai 1891 à août 1893 aux côtés de Catulle Mendès. À cette époque, Mirbeau siège au jury du concours mensuel de littérature et Schwob se lie d’amitié avec lui. Il lui dédie l’un de ses rares contes ancrés dans le monde contemporain, « La Charrette » (Le Roi au masque d’or), lui envoie un des dix exemplaires hors commerce de la première édition de Mimes et lui rend plusieurs visites. Les deux hommes aiment à s’entretenir des écrivains qu’ils admirent (Shakespeare, Whitman, Ibsen et Maeterlinck), des peintres impressionnistes et de Camille Claudel. Schwob cherche à aider cette sculptrice dont il est proche, en proposant de faire acheter La Valse par l’État grâce aux relations de Mirbeau. Toujours prêt à favoriser la carrière des jeunes écrivains qu’il fréquente (Renard et Jarry lui en sont redevables), Schwob fait connaître et aimer Tête d’or et La Ville de Paul Claudel à Mirbeau. En 1903, il lui recommande aussi Le Petit ami de Léautaud afin que ce dernier obtienne le premier prix Goncourt. Mirbeau n’a pas écrit l’article sur Schwob qu’il projetait mais leur correspondance témoigne de leur belle amitié. Schwob y exprime son admiration pour les livres de son aîné (les romans autobiographiques, Le Journal d’une femme de chambre et surtout Dans le ciel). À une lettre de Mirbeau sur l’absence de nécessité de tout comprendre en art, Schwob répond en dévoilant un aspect important de son esthétique : « Je me suis décidé pour les œuvres obscures, parce qu’on peut y voir tant de choses. L’œuvre d’art a l’obscurité inconsciente du tubercule qui germe. Il n’est pas besoin de tout comprendre. Les prescriptions confuses sont aussi belles que les claires. Et rien n’est plus extraordinaire qu’un Villon, dont nous ne comprenons plus une ligne, parce qu’il est bourré d’allusions et de satires personnelles, mais où les fautes de lecture même sont admirables. » (Lettre de Schwob à Mirbeau, 23 janvier 1893).

B.F.



Bibliographie : J. A. Green, Marcel Schwob, Correspondance inédite, Genève, Droz, 1985 [des erreurs dans les dates] ; Valérie Michelet-Jacquod, « Octave Mirbeau et Marcel Schwob : autour de Dans le ciel », in Octave Mirbeau : passions et anathèmes, L. Himy-Piéri et G. Poulouin (dir.), Caen, P.U.C., 2007, p. 135-149.


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