Familles, amis et connaissances

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Terme
LAZARE, bernard

LAZARE, Bernard, (1865-1903), a été le premier héros de l’affaire Dreyfus (voir la notice). Journaliste et critique, il s’est engagé à la fois dans la lutte littéraire, aux côtés des symbolistes, et dans les luttes politiques et sociales, aux côtés des anarchistes. Comme Mirbeau, il était un libertaire intransigeant et extrêmement hostile au collectivisme. Il a collaboré aux Entretiens politiques et littéraires et au Journal, où il est resté deux ans, avant de passer à L’Écho de Paris, au Paris et au Voltaire. En 1894, il publie L'Antisémitisme, son histoire et ses causes, étude où il critique le judaïsme et qu’il reniera partiellement par la suite, et, en 1895, ses Figures contemporaines. Le 1er février 1896, il fonde son propre hebdomadaire, L’Action sociale, qui n’a  que cinq numéros. S’il intervient alors dans l’Affaire, c’est à la demande de Mathieu Dreyfus, le frère d’Alfred, soucieux de tout mettre en œuvre pour faire éclater l’innocence du condamné. Lazare se consacre désormais entièrement à cette tâche, au point de lui sacrifier sa carrière et sa santé. Il rédige deux brochures révélant l’innocence de Dreyfus : Une erreur judiciaire – La vérité sur l’affaire Dreyfus, en novembre 1896, et  Une erreur judiciaire : l’affaire Dreyfus, en novembre 1897. Ce faisant, ce Juif totalement assimilé et naguère patriote français découvre son appartenance au peuple juif et, tout en restant foncièrement anarchiste, devient un nationaliste juif, comme l’a démontré Philippe Oriol.  À la fin de sa vie, il s’est beaucoup employé pour les misérables Juifs de l’est européen, et notamment de Roumanie. Bernard Lazare le Juste passe ses dernières années dans la misère et meurt prématurément. Ses deux  œuvres littéraires majeures sont Les Porteurs de torches (1898), recueil de contes-paraboles d’inspiration nettement anarchiste, et Le Fumier de Job (posthume).

            Mirbeau et Lazare ont beaucoup d’affinités, tant littéraires que politiques et éthiques, et, pendant une dizaine d'années, ils ont été liés d'amitié, se sont voué une admiration réciproque, et ont participé conjointement au combat pour l'anarchie, pour la Justice et la Vérité. C’est Mirbeau qui fait entrer son cadet au Journal, en octobre 1892, cependant que Lazare trace de son aîné un portrait dithyrambique dans ses Figures contemporaines de 1895. Pour lui, en effet, Mirbeau n’est pas seulement le porte-voix des artistes novateurs, il est surtout celui qui a le plus œuvré à l'émancipation des esprits en arrachant les masques des puissants, en mettant à nu les hideurs de la société capitaliste, en obligeant un lectorat misonéiste  à jeter sur les choses, les hommes et les institutions, un regard neuf, débarrassé des préjugés corrosifs. Il constitue donc à ses yeux un modèle littéraire et journalistique : aussi Lazare se fixe-t-il la même mission politique et esthétique que lui, c’est-à-dire libérer l'esprit de la gangue des préjugés. L’affaire Dreyfus confirme leur compagnonnage, et c’est de conserve, par exemple, qu’ils prennent le train pour se rendre à Rennes assister avec indignation au procès d’Alfred Dreyfus (voir la notice).

P. M.

 

            Bibliographie : Pierre Michel, « Octave Mirbeau et Bernard Lazare », in Bernard Lazare, anarchiste et nationaliste juif, Champion, 1999.

 


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