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Terme
RAVACHOL

RAVACHOL (1859-1892), nom sous lequel est connu François Claudius Koenigstein, célèbre militant et terroriste anarchiste, qui a connu la misère avant de se lancer dans la délinquance et de se rallier à l’anarchie. Arrêté le 30 mars 1892 au restaurant Véry, il est  condamné une première fois, à la réclusion à perpétuité, le 26 avril suivant, pour des attentats à la dynamite, perpétrés en mesure de représailles contre trois magistrats coupables d’avoir condamné des anarchistes innocents lors de l'affaire dite “de Clichy”. Au terme d’un deuxième procès, il a été condamné à mort, et guillotiné à Montbrison le 11 juillet 1892, pour trois assassinats, dont un seul, celui d’un ermite nonagénaire, peut lui être attribué avec certitude. Lors de son procès,  il a expliqué son passage à l’illégalisme par le fait que ce sont la société et les injustices sociales qui l'ont incité à tuer pour assurer sa propre survie et celle des siens.

Au lendemain du premier procès, dans l’hebdomadaire anarchiste de Zo d’Axa, L’Endehors, Mirbeau a consacré à Ravachol , le 1er mai 1892, un article que Jean Maitron a jugé « absolutoire », parce qu’il se réjouit que « sa tête [ait] échappé au couperet », malgré « les clameurs de la mort aboyante », et parce qu’il accorde à Ravachol de larges circonstances atténuantes : « La société aurait tort de se plaindre. Elle seule a engendré Ravachol. Elle a semé la misère : elle récolte la haine. C’est juste. » Il serait pourtant erroné d’en conclure que Mirbeau approuve le terrorisme d’un Ravachol. D’abord, il réaffirme d’entrée de jeu qu’il a « horreur du sang versé, des ruines de la mort » et que « toute vie [lui] est sacrée ». Ensuite, il prend bien soin de préciser, à la fin de son article, que la seule « bombe » qui fera crouler « le vieux monde sous le poids de ses propres crimes » sera « d’autant plus terrible qu’elle ne contiendra ni poudre, ni dynamite », mais « de l’Idée et de la Pitié » : ces deux forces contre lesquelles on ne peut rien. » À la « propagande par le fait » il oppose clairement la propagande par le verbe, la seule susceptible de faire germer l’Idée et la Pitié.

Voir aussi les notices Anarchie, Engagement et Éthique.

P. M.

 

Bibliographie : Reginald Carr, Anarchism in France – The case of Octave Mirbeau, Manchester University Press, 1977 ; Octave Mirbeau, « Ravachol », L’Endehors, 1er mai 1892 ; Philippe Oriol, « Littérature et anarchie : le cas Octave Mirbeau », Cahiers Octave Mirbeau, n° 8, 2001, pp. 298-305.

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