Familles, amis et connaissances
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OHNET, georges |
OHNET, Georges (1848-1918), romancier traditionaliste, qui possédait l’art d’obtenir de gros succès populaires et de gagner beaucoup d’argent grâce à de grosses ficelles, qu’Alexandre Dumas fils aurait tenté de copier pour « faire de l’Ohnet » et connaître à son tour des triomphes (voir « M. Alexandre Ohnet fils », La France, 16 décembre 1884). Ses œuvres les plus connues sont : Serge Panine (1881), qui a été adapté au théâtre avec un énorme succès, Le Maître de forges (1882), La Comtesse Sarah (1883), La Grande marnière (1885)… Il s’était fait le défenseur de la vieille aristocratie. Aux yeux de Mirbeau, Ohnet est devenu le symbole de l’industrialisme et de la médiocrité hautement rémunératrice : à l’en croire, il aurait même été décoré pour avoir gagné 600 000 francs avec sa mauvaise littérature (« Lettres de ma chaumière » 15 juillet 1885). Pourquoi un semblable succès ? Parce que sa « platitude bourgeoise plaît au public » et que sa « médiocrité se donne des airs rangés et confortables » (« Les Idées de M. Delpit », La France, 25 février 1885). Et Mirbeau d’essayer de comprendre les raisons du succès d’Ohnet au théâtre, dans Les Grimaces du 22 décembre 1883. Selon lui, cela est dû au fait que, ne travaillant qu’« en vue du public », Ohnet sait s’y prendre pour séduire des spectateurs qui ne cherchent au théâtre que des émotions superficielles inaptes à entamer leur bonne conscience et leur confort intellectuel. Tout d’abord, « dans ses représentation de la vie », il « écarte avec soin les brutalités vraies, les nécessités irrémédiables et cruelles, pour leur substituer des complications arbitraires et des énergies factices ». En deuxième lieu, « avec un parti pris évident, M. Georges Ohnet introduit le grand drame de l’amour et celui de l’argent dans des intérieurs réguliers, dans des existences normales et qui ne sont point faites pour eux ». Puis, « M. Georges Ohnet plante, au milieu de son ouvrage, un caractère de fer auquel tous les personnages et tous les incidents pourront se rattacher, avec une entière sécurité ». Enfin, « quand le diable dramatique que M. Georges Ohnet a laissé imprudemment échapper de la boîte et qu’il n’est pas de taille à y remettre, va, vient dans la pièce, menaçant de tout casser, l’auteur lâche alors son fameux moyen : celui de tuer cet hôte dangereux d’un coup de pistolet. Voilà le dénouement de Serge Panine et du Maître de forges. » Il est bien possible que Paul Ollendorff, qui est l’éditeur d’Ohnet, ait demandé à Mirbeau de faire lui aussi « de l’Ohnet », et par conséquent de l’argent, en lui confectionnant à la hâte un roman à la manière d'Ohnet, histoire de rentabiliser le juteux filon : ce roman, c’est Jean Marcellin (1885). Voir aussi la notice Jean Marcellin. P. M.
Bibliographie : Pierre Michel, « Le Mystère Jean Marcellin », Cahiers Octave Mirbeau, n° 7, avril 2000, pp. 4-21.
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OLLENDORFF, paul |
OLLENDORFF, Paul (1851-1920), éditeur parisien. Fils de l’auteur d’une célèbre méthode d’études des langues étrangères, il a pris la direction de la Société d’Éditions Littéraires et Artistiques qui porte son nom et qui était située au 28 bis de la rue de Richelieu. Il s’est spécialisé dans l’édition de romans à succès : Georges Ohnet, que Mirbeau méprisait profondément, Guy de Maupassant, Paul Adam, Jean Lorrain, Paul Féval, Abel Hermant, Willy, Jules Renard... et Mirbeau. C’est en effet chez Paul Ollendorff que Mirbeau a publié les deux premiers romans signés de son nom, Le Calvaire (1886) et L’Abbé Jules (1888). C’est chez lui également qu’ont été publiés tous les volumes antérieurs, qu’il a écrits comme “nègre” (voir la notice Négritude) et qui ont paru sous les pseudonymes d’Alain Bauquenne (L’Écuyère, 1882, La Maréchale, 1883, Noces parisiennes, 1883, La Belle Madame Le Vassart, 1884, Amours cocasses, 1885), de Forsan (Dans la vieille rue, 1885, La Duchesse Ghislaine, 1885) et d’Albert Miroux (Jean Marcellin, 1885). C’est à coup sûr parce qu’il avait confiance dans un poulain qui avait abondamment fait ses preuves que, le 14 avril 1886, Ollendorff lui a consenti, pour Le Calvaire, des conditions inhabituellement favorables pour un auteur qui, officiellement, n’avait aucun roman à son actif : un très avantageux pourcentage de 14 %, pour une premier tirage fixé à 2 200 / 2 000 exemplaires, au lieu des 500 habituels, soit mille francs d’à-valoir, que, de surcroît, Ollendorff lui verse cinq mois avant la sortie d’un bouquin qui est alors très loin d’être achevé. Le succès de ventes du Calvaire permet à Mirbeau de bénéficier de conditions encore plus favorables, le 3 juin 1887, pour un roman qui n’en est alors qu’à ses premiers balbutiements et qui deviendra L’Abbé Jules : des droits d’auteur s’élevant à 21,4 %, pourcentage exceptionnel, et un premier tirage de 6 000 / 6 600 exemplaires, soit un revenu minimum garanti de 4 500 francs, somme très importante pour l’époque. Mirbeau quittera cependant Ollendorff, dont la production lui semble trop commerciale et qui, pour Le Calvaire, a subi des pressions contre lesquelles le romancier a dû se battre. Il se tournera vers Georges Charpentier pour publier Sébastien Roch (1890) et tous les volumes suivants. Mais il aura souvent à se plaindre de son nouvel éditeur et de son successeur, Eugène Fasquelle. P. M.
Bibliographie : Pierre Michel, « Mirbeau, Ollendorff et les droits d’auteur, Cahiers Octave Mirbeau, n° 12, 2005, pp. 273-276 ; Pierre Michel, « Mirbeau et Ollendorff (suite)é, Cahiers Octave Mirbeau, n° 14, 2007 , pp. 187-190.
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