Thèmes et interprétations

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Terme
HANDICAP

Dans une réflexion générale sur la norme et les écarts, telle que le XIXe l’a élaborée, le  handicap est un sujet épistémologique de choix ; il fait partie de ces nouveaux champs de recherche et de réflexion que la science explore avec un intérêt soutenu. Les romanciers ne pouvaient donc s’en désintéresser, d’autant moins que le médecin était devenu un personnage récurrent de leurs univers respectifs. Mirbeau n’échappe pas à la règle et, après Balzac, Hugo, Zola, entre autres,  met volontiers scène les individus contrefaits, notamment :

- les bossus : François Pinchard, le petit cordonnier (Sébastien Roch, 1890) ;

- les bancals : Sorieul (Le Calvaire, 1886), le fils Tarabustin (Les Vingt et un jours d’un neurasthénique, 1901) ;

- les culs de jatte ou les manchots : Fusier (La Belle Madame Le Vassart, 1884) ;

- les paralytiques : Rosalie Roch (Sébastien Roch), les deux enfants voisins (Dans la vieille rue, etc.).

 

Entre pitié et rejet

Face au handicap, Mirbeau repère deux sentiments contradictoires : la pitié et le rejet. Comment, en effet, ne pas s’attendrir devant un corps supplicié ? C’est en tout cas ce que ne manque pas de faire Jean Mintié, le narrateur du Calvaire devant le jeune Sorieul. Pourtant, Mirbeau – pudique de nature – se méfie d’un sentiment proche, par bien des aspects, de la pitié : il y voit une forme d’égoïsme. En côtoyant un voisin estropié, Mintié satisfait doublement son ego : d’une part, il s’assure qu’il ne ressemble pas à celui qu’il aide ; d’autre part, il pleure sur son propre sort. Le lecteur n’échappe pas à ce reproche, comme le prouve l’épisode de Coquereux dans Dingo (1913). Quiconque découvre le chemineau éprouve, d’emblée, de la compassion pour le « petit homme déjà vieux » qui « boite », tout en tirant derrière lui  une charrette à bras « chargée d’une vieille malle, d’un bois de lit, d’un matelas, toute sa richesse sans doute ». Or, Mirbeau  nous prend au piège de nos éventuels « bons sentiments », de notre possible « politiquement correct », lorsqu’il raconte, quelques lignes plus loin, l’arrestation de l’individu pour viol et assassinat.

La pitié est un sentiment ambigu : elle « convainc l’esprit sans l’éclairer » et finit par confondre les aspirations secrètes avec la vérité. Ému par le handicap de Coquereux (« il boite si fort »), on pleure  son sort,  mais sans   prendre conscience qu’on abdique toute analyse au profit d’une sensibilité déplacée, d’un aveuglement coupable et d’une perte de sa liberté !

Un autre sentiment guette : la haine. Il suffit d’observer la vie de Geneviève, l’héroïne de Dans la vieille rue (1885), pour comprendre de quoi il retourne. Parce qu’elle a la charge de son frère paralytique et qu’elle connaît « ce torturant amour des mères pour leur enfant malade, pour leur enfant bossu », elle n’a plus la possibilité de vivre sa vraie vie. Elle est prisonnière d’un lien dont elle ne peut se défaire et qui la conduit au sacrifice. Dans ces conditions, Mirbeau comprend que soient enfouis, dans le secret de son cœur, les mots que le narrateur  des 21 jours d’un neurasthénique écrira plus tard  à propos du fils Tarabustin : « Quand on est auprès de lui, on souffre vraiment de ne pouvoir le tuer ».

Cette présentation mirbellienne –  juste et lucide – du handicap  n’est pas inutile, car elle oblige à considérer les handicapés comme des individus à part entière et non comme des malades auxquels il faudrait tout passer. Si Mirbeau ressent de la compassion (bien différente de la pitié), c’est parce qu’il voit, dans les contrefaits, des frères en humanité.

 

Handicap social

Pour Mirbeau, le handicap n’est pas uniquement une déformation physique : il est aussi le signe d’une fêlure intime ou d’un déclassement social. Devant les questions insistantes d’un riche coreligionnaire dont chaque parole sue la morgue, Sébastien Roch se sent ainsi rougir d’instinct et « se tât[e] la poitrine, les flancs, les genoux, pour bien s’assurer qu’une bosse ou quelque dégoûtante infirmité ne lui avait pas, soudainement poussé sur le corps ». Sa gêne est telle qu’il éprouve même envers son père de « la honte, cette espèce de honte, basse et lâche, qui s’attache à l’idée de la difformité physique » ; la seule pensée de son géniteur au travail lui répugne autant que « s’il eût été bossu ou cul de jatte ».

Dans le même ordre d’idée, toute personne qui ne joue pas le jeu social,  ou qui peine à s’intégrer à un groupe, est immédiatement marqué. Le peintre, dont on sait quel mépris il suscitait dans la société marchande du XIXe siècle,  est ainsi assimilé à une créature monstrueuse, à tel point que « les gens spirituels et gais dépos[ent] des sous sur le rebord des cadres, comme on fait dans la sébile d’un cul de jatte » (Le Calvaire).

 

L’eugénisme

Dans une société où la norme s’impose, tout le monde n’est pas comme Mirbeau ; tout le monde n’a pas le respect de la différence. On ne s’étonnera donc pas de l’idée secrète des bien-pensants, du rêve inavouable des gens normaux  tel qu’il est décrit par l’aviculteur des 21 jours d’un neurasthénique : l’eugénisme. « Vous comprenez ? J’ai des sujets qui ont des qualités… mais qui ont aussi des tares… On n’est pas parfait, que diable !... Alors, j’augmente les qualités, et je détruis les tares. » C’est également ce type d’argument que reprend le narrateur d’Un homme sensible (1901), lorsqu’il réclame l’élimination de « tous les organismes inaptes à une vie harmonieuse et forte ».  Le combat mirbellien pour le respect du handicapé n’en était que plus nécessaire !

Voir aussi Eugénisme, Monstruosité et Darwin.

Y. L.

 

Bibliographie : Yannick Lemarié, « Faits et contrefaits, la monstruosité physique chez Zola et Mirbeau », in Particularités physiques et marginalité dans la littérature, cahier n° XXXI des Recherches sur l’imaginaire de l’université d’Angers, Presses de l’Université d’Angers, automne 2005, pp. 106-118.


HISTOIRE

HISTOIRE

 

            Octave Mirbeau n’a aucune confiance dans l’Histoire. Non pas qu’il ne s’intéresse pas au passé : bien au contraire, il est un lecteur passionné de mémoires et de témoignages en tous genres, sur lesquels les historiens font reposer leurs reconstitutions, et il est toujours soucieux de tirer, des expériences du passé, des leçons pour le présent. Mais ce qu’il ne cesse de stigmatiser, c’est la manipulation du passé par les régimes en place, c’est l’instrumentalisation des historiens par les gouvernants, c’est l’idéologie sous-jacente aux récits des historiens, qui reflètent inévitablement les préjugés d’une époque et sont utilisés par tous les nationalistes fauteurs de guerre, comme il le montre dans La 628-E8, où l’on voit s’opposer, des deux côtés du Rhin, deux histoires nationales bien différentes. Déjà bien convaincu que les sciences de la nature ne pourront jamais éclaircir tous les mystères de la vie, Mirbeau l’est bien davantage encore, à plus forte raison, quand il s’agit de sciences humaines, et tout particulièrement de l’histoire, soupçonnée d’être toujours mensongère parce que fabriquée.

Lui-même a participé à cette fabrication lorsque, secrétaire particulier de Dugué de la Fauconnerie, il a travaillé à mettre en forme ses Calomnies contre l’Empire, publiées en septembre 1874. Il avait alors pour mission de s’y employer à innocenter le Second Empire de toutes les accusations lancées contre lui par les républicains, au lendemain de la désastreuse guerre de 1870. Quitte à triturer les faits, il y opposait donc, mais avec une apparence d’objectivité, un chef d'État prudent et prévoyant, d'un courage à toute épreuve, comptable du sang de ses soldats et exclusivement soucieux de l'intérêt de la patrie, d'un côté, et, de l'autre, les médiocres politiciens républicains, qui ne voyaient pas plus loin que leurs appétits, hypocrites et lâches, grotesques et foireux, et dont l'irresponsabilité criminelle avait précipité le pays dans une guerre à laquelle ils avaient empêché de le préparer. Il ne saurait, bien sûr, être dupe de ce manichéisme obligé, à une époque où il n’est pas du tout maître de sa plume. Aussi sa conclusion sera-t-elle définitivement arrêtée : ce qu’on appelle « histoire » n’est en réalité qu’une mystification, c’est-à-dire une manipulation visant à légitimer le pouvoir et à faire avaler au bon peuple les mythes qui permettront, le moment venu, de l’expédier sur les champs de bataille au nom de la Patrie sacralisée.

 Une anecdote cocasse a donné à Mirbeau l’occasion de convaincre son public de cette mystification. Sur la foi du maire des Damps, il consacre au philosophe mondain Elme Caro un article vaguement à décharge, où il le montre retournant chaque week-end à la campagne pour retrousser ses manches et biner son jardin (« La Maison du philosophe », L’Écho de Paris le 21 septembre 1889). S’appuyant sur ce témoignage, qui est devenu une référence incontestable, Jules Simon, dans un discours académique, reprend à son compte cette image d’Épinal d’un philosophe pour dames du monde qui s’est régénéré par le travail manuel au contact de la nature. Persuadé que cette nouvelle vision de Caro ne manquera pas de faire désormais autorité, Mirbeau conclut, désabusé, l’article où il rapporte sa mésaventure : « Et vous savez, toute l’histoire est comme ça » (« Une page d’histoire », Le Figaro le 14 décembre 1890). La leçon paradoxale que le mystificateur malgré lui tire de cette anecdote plaisante, c’est qu’il n’y a rien à attendre de l’histoire, où des erreurs involontaires, non corrigées, deviennent des articles de foi, à quoi s’ajoutent, bien sûr les affabulations et les faux caractérisés, comme au début de l’affaire Dreyfus : l’Histoire est toujours mise en récits en fonction de l’intérêt de ceux qui la fabriquent ou de ceux qui donnent les directives et qui la commandent. 

Les fausses confidences que Mirbeau a faites à Edmond de Goncourt, un soir de 1889, apportent une nouvelle confirmation expérimentale du caractère fictif des reconstitutions historiques, qui reposent bien souvent sur des erreurs ou de pures inventions. Les calembredaines notées aussitôt dans son journal par le diariste d’Auteuil feront autorité pendant plus d’un siècle... Le lecteur du Journal des Goncourt qui, aujourd’hui, en est informé, ne peut que faire sienne la perception de l’Histoire que lui communique le mystificateur Mirbeau.

À la grande Histoire mythifiée par les gouvernants, il oppose les histoires, souvent courtes, piquantes et pittoresques, qui ont le très grand mérite de révéler les bas-côtés, et les à-côré, du passé, et qui  ont donc infiniment plus de chances de se rapprocher de la réalité vécue par les hommes d’autrefois que les grands récits historiques, artificiellement composés selon des critères littéraires et politiques qui leur confèrent un puissant parfum d’insincérité. C’est pourquoi il en parsème volontiers ses chroniques et ses lettres, mais aussi ses romans en forme de patchwork, qui n’obéissent plus qu’à sa fantaisie, et non à des règles arbitraires de composition. La 628-E8, par exemple. On sait que le romancier y a notamment inséré trois sous-chapitres hors-d’œuvre sur la mort de Balzac. Ils ont fait scandale, et, à la demande de la fille de Mme Hanska, Mirbeau a finalement accepté de retirer in extremis les passages incriminés. Les balzacologues s’inscriront en faux contre les calomnies colportées par Mirbeau sur la foi de prétendues confidences du peintre Jean Gigoux, plus de quarante ans après les faits. Mais qu’importe au romancier que l'anecdote soit controuvée, pour peu qu'elle permette de mettre en lumière des vérités qui lui sont chères et que l’on tient trop souvent sous le boisseau des préjugés et du politiquement correct ? Rapporter, comme il le fait, la mort du génial visionnaire de La Comédie humaine, ce n’est pas le rabaisser, bien au contraire, mais c’est s’inscrire en faux contre les images édulcorées et mystificatrices qui sont données des grands hommes et des grands écrivains par les manuels d’histoire et de littérature, qui sont chargés d’apporter au peuple les bobards dont on croit devoir l’abreuver.

Ce qui compte, aux yeux de Mirbeau , ce n’est pas une très improbable vérité historique, mais la vérité humaine, telle qu’intuitivement la perçoivent les grands créateurs et telle qu’elle ressort d’une multitude d’anecdotes symptomatiques, pour peu qu’on sache les lire et en tirer un enseignement. 

P. M.

 

            Bibliographie : Pierre Michel, « Mirbeau, Dugué de la Fauconnerie et Les Calomnies contre l’Empire », Cahiers Octave Mirbeau, n° 6, 1999, pp. 185-189 ; Pierre Michel, préface de La 628-E8, Éditions du Boucher, 2003, pp. 3-31 ; Jacques Noiray, « Formes et fonctions de l’anecdote dans La 628-E8 », in L’Europe en automobile – Octave Mirbeau, écrivain voyageur, Presses Universitaires de Strasbourg, 2009, pp. 23-36.

 


HOMOSEXUALITE

Mirbeau a une attitude ambiguë face à l’homosexualité. Surtout face à l’homosexualité masculine, à vrai dire, car le saphisme, qui est un thème abondamment traité dans la littérature fin-de-siècle, ne semble pas lui poser de problème particulier : ainsi Célestine parle-t-elle comme d’une chose toute naturelle de ses épisodiques relations sexuelles avec Cléclé, dans Le Journal d’une femme de chambre (1900) : « Comme nos deux lits étaient l'un près de l'autre, nous nous mîmes ensemble, dès la seconde nuit... Qu'est-ce que vous voulez ?... L'exemple, peut-être... et, peut-être aussi le besoin de satisfaire une curiosité qui me trottait par la tête, depuis longtemps... C'était, du reste, la passion de Cléclé... depuis qu'elle avait été débauchée, il y a plus de quatre ans, par une de ses maîtresses, la femme d'un général... » (chapitre XIII).  De même Clara avec Annie, dans Le Jardin des supplices (1899). On a l’impression que les caresses échangées entre femmes sont anodines et sans conséquence – du moins entre personnes adultes et consentantes, ce qui n’est évidemment pas le cas dans Le Foyer (1908), où la directrice d’un foyer pour orphelines, Mlle Rambert, offre des récompenses très spéciales à ses préférées, se rendant ainsi coupable d’abus sexuels.

Il n’en va apparemment pas de même de l’homosexualité masculine. Car Mirbeau en a, semble-t-il, une véritable phobie, qui est sans doute le résultat de ce qu’il a vécu au collège de Vannes et qu’il a transposé dans son roman Sébastien Roch (1890). Ce traumatisme du viol a entraîné chez lui une profonde répulsion pour l’homosexualité masculine et, plus encore, une révolte indignée contre les abus sexuels perpétrés sur des enfants et contre le trafic sexuel d’adolescents (voir la notice Pédophilie). Dans une de ses Chroniques du Diable de 1885, le diablotin aux pieds fourchus qui signe l’article exprime son « écœurement » et son « dégoût » pour les « messieurs bien mis » qui vont acheter les faveurs de « gamins » à des « familles d’ouvriers » dans la misère, et il en appelle à « la protection de l’enfance », avant de conclure : « Oh ! le balai, le grand balai, pour ceux qui sont pourris sans espoir » (« De Paris à Sodome », L’Événement, 9 mars 1885).

Et pourtant, lorsque, dix ans plus tard, Oscar Wilde est arrêté et condamné au hard labour, Mirbeau est un des rares à oser prendre courageusement sa défense, dans deux articles du Journal : le 16 juin 1895, dans « À propos du hard labour », et le 7 juillet suivant, dans « Sur un livre ». Ce sont, concède-t-il, « des actes fâcheux » qu’on lui reproche, mais que « était libre de commettre et dont personne n’avait à lui demander compte, car, je ne cesserai de la répéter, ils ne relèvent que de sa conscience et de notre dégoût ». Autrement dit, la vie privée de Wilde ne regarde que lui, les goûts, en matière de sexualité comme dans les autres domaines, ne sont qu’une affaire personnelle, et ce n’est pas à la société d’imposer des règles et des normes. Le « dégoût » que lui inspirent certaines pratiques ne saurait suffire pour que Mirbeau accepte la monstruosité leur condamnation pénal, a fortiori aussi totalement disproportionnée, et à une peine aussi barbare que le hard labour, dans un pays qui se prétend civilisé, mais qui est en réalité fort hypocrite, puisque, comme il le rappelle, l’Angleterre continue de célébrer Shakespeare, qui « chanta » et « commit » pourtant « le vice infâme » pour lequel Wilde a été condamné. Pour défendre Oscar Wilde en dépit de son propre « dégoût » pour ce « vice infâme », il a fallu le dépouiller de toute caractéristique sexuelle, pour ne voir en lui qu’un génie persécuté et qu’une victime à soutenir face à un ordre social gangrené, de même que, pour s’engager en faveur d’Alfred Dreyfus, il lui faudra le dépouiller de toute appartenance de classe, de caste et de « race ».

Reste qu’il n’est pas interdit d’aller plus loin, pour essayer de comprendre son intervention en faveur de Wilde. On peut, par exemple, s’interroger sur la possible ambivalence de ce « dégoût » proclamé : ne serait-il pas concevable d’y voir l’envers d’un penchant mal refoulé ? Il s’avère en effet que le jeune Sébastien, séduit et violé par le père de Kern, y a pris malgré tout du plaisir et que sa sexualité en a été à jamais déformée. N’y aurait-il pas eu un phénomène de cet ordre chez son créateur ? La stupéfiante gynécophobie de Mirbeau, d’une part, et, d’autre part, ses véritables déclarations d’amour à ses amis les plus chers, notamment Paul Hervieu, Claude Monet et Auguste Rodin, et les multiples « je vous embrasse » qui terminent immanquablement ses lettres, ne peuvent-ils être considérés comme autant de symptômes d’une attirance inavouable ? 

Voir aussi les notices Sexualité, Pédophilie, Wilde et Gynécophobie.

P. M.

 

Bibliographie : Laurent Ferron, « Le Viol de Sébastien Roch : l’Église devant les violences sexuelles », Cahiers Octave Mirbeau, n° 8, 2001 pp. 287-297 ; Pierre Michel, « Octave Mirbeau et Oscar Wilde », Rue des Beaux Arts, n° 7, février-mars 2007.   

 


HUMOUR NOIR

Parmi les procédés employés par Mirbeau pour servir à la démystification des codes sociaux, l’humour noir occupe une place privilégiée.

L’ironie est une charge ; l’humour, même noir, possède une gratuité qui l’exempte de toute dimension partisane. Art d’évoquer avec détachement les événements les plus horribles, il peut s’élever au rang de morale lorsque la situation humoristique est un miroir tendu au lecteur, et à celui de catharsis quand il en reflète les angoisses existentielles. Il est donc une manière de thérapie pour Mirbeau, qui exorcise ainsi ses démons : la passion amoureuse ou la mort. Si l’humour noir a partie liée, chez Alfred Jarry, avec la Pataphysique, si pour Alphonse Allais, il représente un versant de l’absurde dont le conteur exploite toutes les facettes, il découle, chez Mirbeau, de l’humeur noire. Sa neurasthénie et son pessimisme sont, en effet,  au fondement d’une inspiration des plus sombres, dans laquelle la nature humaine est toujours décrite sous son jour le plus odieux. Les contes en fournissent de riches illustrations. « La Vache tachetée » présente un univers pré-kafkaïen, avec un emprisonnement arbitraire, des gardiens indifférents, une foule homicide par nature. Une farce, L'Épidémie (1898), souligne avec le cynisme propre à l’auteur, l’égoïsme des classes dirigeantes. Quant à celle intitulée Le Portefeuille (1902), elle porte à son comble une mécanique judiciaire abstraite.

Mirbeau avait une grande admiration pour Swift, dont on peut retrouver l’influence en maints endroits de son œuvre.  Laurent Tailhade comparait d’ailleurs le premier au second. Comme l’écrivain anglais, l’auteur du Journal d’une femme de chambre a « au même degré, le don de poursuivre, impassible et féroce, l’ironie meurtrière donnant à la justice, à la commisération, ce masque de mépris glacial et forcené » (cité par Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l’imprécateur au cœur fidèle, Séguier, 1990, p. 645).

Mais le romancier apprécie également l’humour noir pour sa capacité à ériger le paradoxe en bon sens, faculté qui ramène le procédé du côté de la critique sociale. Le caractère naturel des propos insupportables de certains personnages est facilité par les mises en scène conversationnelles dans lesquelles ils prennent place. Les divers articles consacrés à la colonisation en sont les exemples les plus éclairants. L’interview du général Archinard (« Maroquinerie », Le Journal, 12 juillet 1896) introduit le lecteur dans l’intérieur de l’illustre militaire, dont la courtoisie n’a d’égal que l’atrocité de sa conversation. « Colonisons » (Le Journal, 13 novembre 1892) et « La Fée Dum-Dum » (Le Journal, 20 mars 1898) fonctionnent sur le même principe. C’est évidemment durant l’affaire Dreyfus que le recours à l’humour noir atteint son paroxysme. La folie homicide des revanchards anti-dreyfusards ridiculise des individualités (Coppée, Rochefort, Meyer, Millevoye, Drumont, etc.) mais, plus profondément, questionne la société dans son entier en obligeant chacun à prendre position.

Pour ce faire, Le Jardin des supplices et Les Vingt et un jours d’un neurasthénique compilent   avec bonheur des séquences entièrement placées sous le signe de l’humour noir. La société ainsi décrite est une contre-utopie insouciante dans laquelle les personnages atteignent à « ce degré de félicité sublime qui s’appelle la faculté d’être bien trompé, à l’état paisible et serein qui consiste à être un fou parmi les coquins » (Jonathan Swift, cité par André Breton, Anthologie de l’humour noir, Le Livre de Poche, 1966, p. 21). Inversement, le lecteur est sommé de réagir devant le caractère intenable des situations et des propos.

L’humour noir est donc l’un des biais choisis par Mirbeau pour décrire la Belle Époque sous l’angle le moins glorieux. Car, dans un monde arc-bouté sur ses valeurs, sûr de ses principes au point de bafouer tous ceux qui ne s’y assimilent pas sans condition, la peinture des vices, la description de la nature humaine dans ce qu’elle a de moins noble est une tâche d’utilité publique.

A. V.

 

Bibliographie : Pierre Michel, « Octave Mirbeau le cynique », Dix-neuf / Vingt, n° 10, septembre 2002, pp. 11-24 ; Octave Mirbeau, L’Affaire Dreyfus, Séguier, 1991 ; Octave Mirbeau, Contes cruels , Les Belles Lettres/Archimbaud, 2000.

 

 

 


HYPNOTISME

HYPNOTISME

 

            On sait que Mirbeau s’est beaucoup intéressé à l’Inde et que, outre ses Lettres de l’Inde signées Nirvana, il a consacré à l’antique civilisation indienne une douzaine d’articles au cours de a seule année 1885. Deux d’entre eux sont consacrés à l’hypnotisme et paraissent dans Le Gaulois le 23 et le 29 mars 1885, le premier signé de son nom, le second sous le pseudonyme d’Henry Lys.

. Mirbeau s’y étonne vivement de l’intérêt que l’on manifeste pour cette « science étrange », pourtant vieille de vingt siècles et que l’on redécouvre en Europe, grâce notamment à Charcot et aux séances consacrées aux hystériques à la Salpêtrière, alors qu’il s’agit d’une pratique quotidienne en Inde, pour « les ascètes du Véda et du Bouddha ». Il va jusqu’à affirmer qu’il est possible d’hypnotiser un sujet à distance, et qu’un « ascète hindou » de Calcutta peut fort bien hypnotiser quelqu’un se trouvant à Bombay, voire à Londres. Il prétend avoir été témoin de plusieurs expériences « qui confondent la raison humaine » et en comparaison desquelles les expériences de Charcot ne sont que « de plaisantes et insignifiantes farces ». Ainsi, un « chela » parisien, disciple de ces ascètes hindous, est censé avoir hypnotisé un ami de Mandalay, « à trente jours de France »... À en croire Mirbeau, il y aurait en Inde trois écoles qui, à distance, communiqueraient « hypnotiquement entre elles », comme le permettrait un téléphone sans fil.

Certes, comme dans ses Chroniques du Diable de la même année (voir « Le Siècle de  Charcot », 29 mai 1885),  il reconnaît  que « la suggestion hypnotique » peut se révéler « dangereuse » et que c’est sans doute à elle que l’on doit des actes communément attribués au fanatisme religieux. Mais, heureusement, elle n’est à la portée que de quelques hommes supérieurs, qui ont complètement renoncé « aux passions de la vie » et qui sont « plus près de la divinité que de l’homme », tels ces sages qu’il évoque au chapitre III des Lettres de l’Inde (Le Gaulois, 8 mars 1885) et qui sont arrivés à un tel point de détachement que leur cerveau peut  « s’éthériser en quelque sorte » et « franchir les immenses espaces du vide ». Mirbeau souhaite, « pour l’honneur de la littérature français, toujours si arriérée », qu’un « écrivain de talent » introduise dans un roman les phénomènes étranges de l’hypnotisme et en donne une « étude définitive et critique ».

Le débat récent sur l’hypnotisme est une occasion, pour Mirbeau, de prendre ses distances à l’égard d’une conception trop restrictive de la science occidentale qui, au nom de la raison, refuse de reconnaître des phénomènes que « nous ne comprenons point ». Il en profite aussi pour rabattre le caquet des Européens, dont la première civilisation, celle des Grecs, est bien postérieure aux civilisations orientales, et pour moucher une nouvelle fois les Français « ignorants et vantards ».   .

            Voir aussi les notices Hystérie et Chroniques du Diable.

P. M.

 

            Bibliographie : Octave Mirbeau, « De l’hypnotisme », Le Gaulois, 23 mars 1885 ; Octave Mirbeau, « Le Siècle de Charcot », L’Événement, 29 mai 1885 (Chroniques du Diable, Annales littéraires de l’université de Besançon, 1995, pp. 121-127).

 


HYSTERIE

HYSTÉRIE

 

            Mirbeau, à l’instar de ses contemporains, est conscient d’évoluer dans une époque convulsive, déchirée entre ses aspirations nostalgiques pour le passé et la tentation angoissante de la modernité. Ainsi écrit-il sous le pseudonyme du « Diable », dans une chronique de L’Événement publiée le 29 mai 1885 : « Ce siècle sera celui des maladies nerveuses, à un double point de vue : d’abord, parce qu’elles auront été maîtresses et causes de tous ses actes ; ensuite, parce qu’il aura étudié à fond et connu les secrets de son mal. » En matière de maladies nerveuses, Jean-Martin Charcot s’impose, on le sait, comme une référence absolue à partir des années 1880. L’incontournable « Paganini de l’hystérie » use de son aura pour mener à bien une ingénieuse stratégie de l’annexion et du rayonnement. L’hystérique, en même temps que le Maître qui en dirige les représentations, est invité(e) à sortir des hôpitaux pour investir, à la manière d'un incontournable paradigme, les scènes politique, idéologique et esthétique sur lesquelles évoluent les principaux acteurs du XIXe siècle.

Comme Maupassant, Daudet ou Edmond de Goncourt, Mirbeau fréquenta le salon du neurologue, dans son hôtel particulier de Saint-Germain-des-Prés, et surtout assista à ses savantes démonstrations, dans l’amphithéâtre comble de la Salpêtrière. « La névrose au village », autre « Chronique du Diable » publiée le 29 mars 1885, est le compte rendu de « la pièce jouée », un de ces fameux vendredis, devant le tout-Paris avide de sensations fortes. Mirbeau n’échappe pas tout à fait à la fascination exercée par le Maître, mais s’efforce de prendre du recul et d’analyser les ressorts dramatiques grâce auxquels la clinique verse insensiblement dans le spectaculaire et l’onirisme. L’hypnotisme expérimental et les manipulations sous catalepsie nourrissent l’idéal anatomopathologique des chairs pétries, modelées à l’égal d’une « cire » humaine, et des corps manœuvrés, habilement réduits à l’état d’« automate[s] ». En outre, l’assujettissement des esprits à la volonté d’un deus ex machina consacré par la science inspire une réflexion plus inquiétante sur la manipulation des foules et l’hystérie collective. Le « peuple hypnotisé » évoqué dans « Le siècle de Charcot » trouve un écho politique, le 28 novembre 1888, dans un article du Figaro appelé à devenir célèbre parmi les anarchistes. L’Imprécateur y appelle à la grève des urnes et stigmatise l'esprit grégaire de ses contemporains : « Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ? et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? » Mirbeau, en se demandant « à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant », semble mettre en garde, sur le mode d’une remarquable prémonition, contre ce que seront les propagandes criminelles du XXe siècle.

En matière de névrose, l’originalité de Mirbeau réside par ailleurs dans son intérêt pour « l’hystérie des mâles », ainsi qu’il la nomme dans un article du 20 mai 1885. Il y est notamment question du railway spine, une pathologie nerveuse liée au mode de vie des ouvriers dont le « cerveau [est] sans cesse chauffé à blanc [par] l[es] machine[s] » ferroviaires. Certes, la dimension ironique inhérente aux « Chroniques du Diable » invite à se méfier du compte rendu objectif pour en extraire la veine essentiellement satirique. La popularité du nervous shock, en faisant espérer des indemnités généreuses, ouvre la voie aux supercheries pathologiques et fait ressurgir le spectre de la simulation. Mais cette méfiance à l’égard des récupérations frauduleuses n’empêche pas la reconnaissance d’une hystérie de type masculin. Trois ans avant la publication de L’Abbé Jules, Mirbeau s’inscrit en porte-à-faux contre les clichés, particulièrement tenaces, hérités de l’ancestrale fureur utérine. Pour autant, faut-il en déduire que le « mâle » éponyme du roman, figure protéiforme par excellence, est indiscutablement hystérique ? La question du diagnostic ne trouve aucune réponse définitive dans le récit. L’abbé est fréquemment qualifié par son entourage de « fou, [d’]exalté » (éd. Mercure de France, coll. « Mille Pages », 1991, p. 347) et souffre régulièrement de crises qui le laissent « semblable à un épileptique terrassé par son mal » (ibid., p. 381). Mais cette maladie que le narrateur laisse deviner à défaut d’expliciter, dont on pourrait croire qu’elle est tout de même la clé de l’« indéchiffrable énigme » (ibid., p. 384) posée par Jules Dervelle, la voici, la seule et unique fois où elle est nommée, retourner à ses origines, du côté des « vieilles dévotes hystériques » (ibid., p. 434). Sans doute faut-il justement décrypter l’ambiguïté grimacière du récit pour y lire la preuve fantasque, à rebours, de symptômes eux-mêmes flottants. Achevons, pour nous en convaincre, de lister chez l’abbé quelques uns des signes hystériquement connotés de son être-au-monde, symptômes régis par une poétique des limites et du dépassement, de l’en deçà et de l’au-delà. Parmi eux : la démesure pathologique qui fait passer d’une lubie à une autre ou « de l’excessif enthousiasme à l’excessive fureur » (ibid., p. 610) ; l’histrionisme du comédien voué à cultiver le mystère de son personnage et, sans cesse, à « inventer de nouvelles farces » (ibid., p. 417) ; l’impressionnabilité de l’esthète doté d’un « cerveau de sensitif » (ibid., p. 470) et réceptif aux moindres tintements du monde ; le dédoublement de la personnalité, enfin, qui incline à faire de l’être un prisme changeant aux mille facettes.            

            L’hystérie féminine, dans les romans de Mirbeau, est beaucoup moins problématique dans son repérage, beaucoup plus schématique et prévisible aussi. Dans La Belle Madame Le Vassart, publié en 1884 sous le pseudonyme d’Alain Bauquenne, Mirbeau met en scène une femme frustrée, poussée au crime par « l’hystérie, qui la travaillait depuis des mois » et qu’une passion inassouvie a transformée en pulsion sanguinaire (Œuvre romanesque, Buchet/Chastel – Société Octave Mirbeau, 2000, t. II, p. 858). Un an plus tard et quelques mois après avoir assisté à l’une des leçons du Maître, le romancier convoque à nouveau la représentation traditionnelle de la femme névrosée, désormais sur les modes stéréotypés du bovarysme, de l’aboulie et de la mélancolie suicidaire. Dans Le Calvaire, dont la conception remonte à juin 1885, la mère du narrateur est une femme à la « volonté […] paralysée » (Œuvre romanesque, Buchet/Chastel – Société Octave Mirbeau, 2000, t. I, p. 128), victime d’« incidents nerveux inquiétants » (ibid., p. 126), fréquemment investie d’une « rage de tendresse » suspecte envers son fils (ibid., p. 136) et hantée par la crainte justifiée du poids de l’hérédité (sa propre mère s’est pendue). Enfin, Le Jardin des supplices propose la version amplifiée, presque parodique, d’une pathologie parfaitement identifiable sur le plan clinique. Le lecteur reconnaît aisément en Clara, de même que Charles-Edmond Cornille dans sa thèse de médecine, une « dégénérée hystérique avec perversion profonde de l’instinct sexuel » (Sur quelques dégénérés dans les œuvres d’Octave Mirbeau, Lille, Faculté de médecine et de pharmacie, 1922, p. 47). La « crise terrible » (édition de Michel Delon, Paris, Gallimard, coll. « Folio classique », 1991, p. 266) sur laquelle se clôt le récit est en tout point conforme à la fameuse grande attaque décrite par Charcot. L’hysteria major du personnage débute par une phase épileptoïde – l’« évanoui[ssement] », « une plainte », des « secousses nerveuses », la « face crispée », « un peu d’écume [aux] lèvres » –, suivie de mouvements clowniques – « Dans une dernière convulsion son corps s’arqua, des talons à la nuque. » –, d’attitudes passionnelles – « elle pleura, pleura » – et de la résolution finale : « Clara […] dormait et, de temps en temps, [parlait] en son sommeil » (ibid., pp. 265-270).   

            Mais Le Jardin des supplices, publié six ans après la mort de Charcot, se referme aussi sur une image beaucoup moins académique que celle de cette crise codifiée à l’envi : « une sorte de singe de bronze, accroupi dans un coin de la pièce, tendait vers Clara, en ricanant férocement, un sexe monstrueux » (ibid., p. 270). C’est effectivement dans la grimace, la déformation et la monstruosité qu’il importe de chercher la clé des représentations de l’hystérie développées par Mirbeau. La « maladie du siècle » permet de somatiser les traumatismes conscients ou refoulés imputables aux fractures historiques (l’après 1789, 1830, 1848, 1870) et aux bouleversements impulsés par le progrès. L’imprécation est une prière engagée au nom des furies contemporaines, incantation révoltée dont l’hystérie, tout à la fois, est l’un des réservoirs à fantasmes, la syntaxe convulsive et le message ricanant.

C. G.

 

Bibliographie : Ian Geay,  « Le Prêtre et l'Hystérique, le prêtre est l'hystérique », in Le Malheureux bourdon : la figuration du viol dans la littérature finiséculaire, thèse dactylographiée, Université de Paris VIII,  2005, pp. 222-247  ; Céline Grenaud, L'Image de l'hystérie dans la littérature de la seconde moitié du XIXe siècle, thèse de doctorat dactylographiée, Université de Paris IV-Sorbonne, 2004, pp. 47-54, 118-129, 223-238, 824-828 ; Céline Grenaud, « Tintement et bourdonnement dans l'imaginaire mirbellien : une esthétique impressionniste du morbide et de la volupté », Cahiers Octave Mirbeau, n° 11, 2004, pp. 172-184 ; Céline Grenaud, « Les Doubles de l'abbé Jules, ou comment un hystérique peut en cacher un autre », Cahiers Octave Mirbeau, n° 13, 2006, pp. 4-21 ; Céline Grenaud, « Le monstre féminin dans les romans de Mirbeau », in Octave Mirbeau : Passions et anathèmes, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (28 septembre-2 octobre 2005), publiés sous la direction de Laure Himy-Piéri et Gérard Poulouin, Caen, Presses universitaires de Caen, 2007, pp. 57-67 ; Bertrand Marquer, L'Hystérie dans “L'Abbé Jules”  et “Le Jardin des supplices” d'Octave Mirbeau, mémoire de D.E.A. dactylographié, Université de Paris VIII, 2001, 79 pages ; Bertrand Marquer, « Mirbeau et Charcot : la vision du Diable », Cahiers Octave Mirbeau, n° 11, 2004, pp. 53-67 ; Bertrand Marquer, « L'Hystérie comme arme polémique dans L'Abbé Jules et Le Jardin des supplices », Cahiers Octave Mirbeau, n° 12, mars 2005, pp. 52-68  ; Pierre Michel, , « Les Hystériques de Mirbeau », Cahiers Octave Mirbeau, n° 9, 2002, pp. 17-38 ; Pierre Michel, « Mirbeau et l'hystérie », in Écrire la maladie : Du bon usage des maladies, Actes du colloque d'Angers, Imago, 2002, pp. 71-84 ; Pierre Michel, « Le Calvaire et L'Âme errante : Mirbeau, Paul Brulat et l'hystérie », Cahiers Octave Mirbeau, n° 11,  2004, pp. 68-78.


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