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Paru sous
le pseudonyme de Forsan, La Duchesse Ghislaine est un roman d'analyse
psychologique cest lémouvant récit du sacrifice dune
femme , en même temps quun exercice dinnutrition littéraire.
Si linfluence majeure est celle de Stendhal, on y trouve nombre
dautres réminiscences et de clins dil aux lecteurs
cultivés : dAdolphe, de Benjamin Constant, à Béatrix
et à La Femme de trente ans de Balzac, en passant par Barbey
dAurevilly et Sainte-Beuve.
Carolus-Duran
Le roman adopte
de nouveau la forme dune tragédie de lamour, aux prises
non seulement avec lui-même, mais aussi avec la pression sociale et
ce que Mirbeau appelle " le poison religieux ".
Une nouvelle fois lamour apparaît comme un piège et une douloureuse
duperie, et ses intermittences pré-proustiennes interdisent aux "amoureux"
de saimer au même moment : entre les sexes, la communication
savère décidément impossible. Mirbeau met aussi en cause limprégnation
religieuse mortifère, qui fait du plaisir un péché, et trace du "monde"
un tableau toujours extrêmement critique.
Entre le " matérialisme
outré des désirs " dune société mercantile et " labsolutisme "
spiritualiste de son héroïne, qui la condamne à mort, il nous suggère
de chercher un juste milieu, un difficile équilibre, et semble, à défaut
de recettes, nous fixer un objectif éthique : " Le bonheur
n'existe que dans l'harmonie de l'être moral ".
Pierre MICHEL
Une édition critique de La
Duchesse Ghislaine a été réalisée par Pierre Michel, et figure en annexe du tome
III de luvre romanesque de Mirbeau, Buchet/Chastel / Société Octave
Mirbeau, 2000.
Le texte du roman
est accessible sur le site Internet des éditions
du Boucher, avec une nouvelle préface de Pierre Michel.
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